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LA ROUTE DU BLUES - ETAPE 6 : DE VICKSBURG à NEW ORLEANS
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Ecrit par Evelyne Balliner |
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samedi, 27 décembre 2014
LA
ROUTE DU BLUES
FROM CHICAGO TO NEW
ORLEANS
Octobre 2014
http://www.robertjohnsonbluesfoundation.org/
http://www.lauraplantation.com/
Retrouvez toutes les
photos d’Evelyne Balliner sur http://eveball.over-blog.com/
Etape
6 : de Vicksburg à New Orleans
Le séjour dans le delta touche à sa
fin. La route va être un peu longue, quelques
arrêts sont prévus à la recherche de
Robert Johnson. Pour commencer un stop à Crystal Springs
où se trouve un tout petit musée. Petite ville du
Mississipi comme beaucoup d'autre, elle est traversée par le
chemin de fer qui séparait les populations blanches et
noires. Elle abrite donc un tout musée à la
mémoire de Robert Johnson. Il n'a qu'une seule
pièce, les murs sont couverts de photos, d'affiches. Il
reste même un très vieux piano qui aurait
été le sien. Il y jouait avec Johnny Shines. Sa
petite fille, qui nous a ouvert les portes, a sur elle un T-Shirt avec
une photo de lui à l'âge de 16 ans. Encore
quelques kilomètres et nous arrivons dans sa ville natale,
Hazlehurst …
Le Mississipi et sa "Blues Trail" s'arrêtent …
Maintenant c'est la route vers la Louisiane et New Orleans.
L’arrivée en fin d'après-midi
à New Orleans nous laisse juste le temps de voir le soleil
se coucher sur le Mississipi. Les rues du quartier français
sont très animées, envahies par les touristes,
les américains d'ailleurs venus faire la fête, les
zombies, fantômes en tout genre, vampires … C'est
Halloween dans quelques jours. Les balcons sont
décorés, les toiles d'araignées
tombent, de quoi avoir vraiment peur. Au détour d'une rue,
une fanfare passe. Un peu plus loin, une autre fanfare accompagne un
mariage noir, luxueux. Quelques musiciens jouent sur les trottoirs,
entre deux voyants, prestidigitateurs. Il y a des boutiques
à touristes partout, pas grand-chose à voir avec
la rusticité de Bentonia. Le pompon sera à
Bourbon Street avec ses colliers qui tombent des balcons pour les
filles qui découvriront leur poitrine, ses bars
branchés, la musique à gogo qui
générera une cacophonie, les filles aux
très petites tenues et l’odeur de friture qui
embaume toute la rue. En tout cas, il n'y a plus de blues, ici c'est le
jazz qui domine !
Le lendemain, nous avons rendez-vous avec le gospel. Et oui, c'est
dimanche ! Cette fois ci, c'est Kathy qui nous a concocté ce
rendez-vous à l'église Second True Love Baptist
Church avec Graig Adams. Ils doivent chanter ensemble pendant l'office.
L'accueil est merveilleux, café et petits gâteaux
nous attendent. Pourtant ici, l'argent ne transpire pas. On peut encore
voir les traces laissées par l'ouragan Katrina qui en 2005 a
tué presque 2.000 personnes. Certains secteurs de La
Nouvelle-Orléans se sont retrouvés
jusqu’à 6 mètres sous le niveau de la
mer …
L'après-midi, impossible de le rater, la visite du bayou est
à faire ! Nous partons donc sur un bateau à fond
plat pour voir les alligators, vedettes des lieux. Mais ils ne sont pas
les seuls habitants du bayou. Cette étendue d'eau
formée par les anciens bras et méandres du
Mississippi qui s'étendent sur tout le sud de
l'État louisianais forme un réseau navigable de
plusieurs milliers de kilomètres. Le bayou est un milieu
d'eau douce où plusieurs espèces viennent se
nourrir : les crevettes, les écrevisses, les lamantins, les
dauphins, les alligators … Les bayous sont
généralement infestés de moustiques et
d'autres insectes volants. Des oiseaux tels que l'aigrette, le
héron, le pygargue à tête blanche, la
buse à queue rousse et le carouge à
épaulettes vivent autour des bayous. Nous ne rencontrerons
que des hérons … et des alligators bien
sûr !
La plantation Laura ! Le terme "plantation" désigne la
propriété et ses cultures, mais aussi
l’habitation principale située sur celle-ci. Les
plantations se sont installées le long du Mississippi car la
proximité du fleuve permettait l’irrigation des
cultures ainsi que le transport des marchandises et des hommes. Le
coton et la canne furent les deux principales cultures
développées le long du fleuve. Beaucoup firent
fortune et de vastes et luxueuses demeures furent construites. Mais la
guerre civile, l’émancipation des esclaves qui
suivit et la découverte de nouveaux textiles
entraînant la baisse de la demande en coton
causèrent le déclin des plantations qui
disparurent petit à petit. Certaines continuèrent
d’être habitées par les descendants des
premiers planteurs, d’autres furent laissées
à l’abandon à la fin du
dix-neuvième siècle. Des 350 maisons de
plantations qui existaient entre la Nouvelle-Orléans et
Baton Rouge, il n’en reste aujourd'hui plus que 8
situées sur les deux rives du fleuve.
La plantation Laura est créole, c'est à dire
francophone. Elle fut construite en 1805 par un Français
originaire de Caen qui s’est battu pendant la
révolution américaine aux
côtés de Washington et Lafayette : Guillaume
Duparc. Mais l'histoire de la plantation Laura, c’est
principalement l’histoire de quatre femmes, la
première étant Nanette Prudhomme, la femme de
Guillaume Duparc, l’arrière-grand-père
de Laura. Elle dirigea la plantation pendant 21 ans. Elle laissa
ensuite les rênes à sa fille Elisabeth
qu’elle estimait plus capable que ses fils de diriger la
plantation. Elisabeth fit de la plantation le plus important
réseau de distribution de vins français en
Louisiane. Elle avait épousé Raymond Locoul, un
riche Français, propriétaire d’un
château et producteur de vins de Bordeaux. Plus tard, elle
partagea la plantation entre ses deux enfants, Emile et
Aimée, mais cette situation donna lieu à de
fréquentes querelles. C’est Emile qui nommera la
plantation du nom de sa fille
préférée, Laura. Celle-ci dirigera la
plantation pendant de nombreuses années, avant de tourner le
dos à son passé de créole et d'adopter
un nouveau mode de vie plus à
l’américaine. Laura a raconté toute
l'histoire de la vie à la plantation dans un livre,
disponible à la vente et écrit en
français. Elle a été
restaurée en quasi-totalité et a donc
retrouvé ses couleurs d'origine. Nous finirons la visite par
un déjeuner typiquement cajun, avec musique cajun bien
sûr !
Il est maintenant temps de faire nos valises, le voyage est fini, enfin
presque fini. Une dernière soirée avec
dîner musical est prévue. Graig Adams viendra nous
y rejoindre en chantant. Kathy se joindra à lui. Je tenais
à remercier Robert et Gisèle Mauries de nous
avoir planifié et organisé ce voyage,
d’avoir pris tous ces rendez-vous
privilégiés avec des personnalités du
blues, avec des artistes représentant toutes les tendances
de ce genre musical, et surtout d'avoir toujours gardé le
sourire ! Vive le blues … et son esprit de partage !
Evelyne Balliner -
novembre 2014
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