SHEMEKIA COPELAND - FRED CHAPELLIER à CLEON (76)
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Ecrit par Fred Delforge |
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samedi, 29 novembre 2014
FRED
CHAPELLIER – SHEMEKIA COPELAND
LA TRAVERSE –
CLEON (76)
Le 27 novembre 2014
http://www.fredchapellier.net
http://www.shemekiacopeland.com
http://www.latraverse.org
La Traverse continue ce soir son blues d’automne avec une
fois encore une collaboration avec le Festival Chants d’Elles
qui fait la part belle aux artistes féminines et
c’est Shemekia Copeland qui sera à
l’honneur ce jeudi ! On ne présente plus la jeune
New-Yorkaise tant elle a réussi à emboiter le pas
à son regretté bluesman de père et
c’est forte d’une carrière
déjà longue et fructueuse qu’elle pose
aujourd’hui ses valises dans cette belle salle toujours aussi
accueillante et chaleureuse. Mais avant de passer au plat de
résistance de la soirée, l’organisation
nous a concocté un apéritif des plus
corsés qui a lui seul aurait déjà
réussi à rassasier les plus gourmands !
On a pu le croiser dernièrement avec « Les
Vieilles Canailles » sur la scène de Bercy,
c’est ce soir avec son propre groupe que Fred Chapellier va
venir nous régaler de son blues teinté de rock
mais aussi de soul, un blues qui avait bien marché lors de
son escapade à Memphis puisque le chanteur et guitariste
avait atteint la demi-finale de l’International Blues
Challenge avant de partir mettre quelques titres en boite dans le
mythique Sun Studio sur Union Avenue … Mais
l’heure n’est pas aux souvenirs puisque Fred est en
face de nous avec sa bande de tueurs à gages, Charlie Fabert
à la Strat, Abder Benachour à la basse et Denis
Palatin à la batterie, et que tout ce joli monde va venir
nous présenter sa manière
d’appréhender le blues, celui que
l’artiste tient de ses écoutes attentives des
œuvres de ses mentors, Peter Green et Roy Buchanan.
Piochant allègrement dans le contenu de son dernier double
live, « Electric Communion », Fred Chapellier ne
manquera pas l’occasion de nous offrir ses « Night
Works » et autres « Blues For Roy » avec
une virtuosité de tous les instants et c’est
porté par un groupe qui ne se laisse pas perturber par des
petits soucis techniques comme un jack qui rend
l’âme ou une corde qui casse en plein solo que le
concert ne connaîtra aucun temps mort, nous emmenant
à son propre rythme vers un rappel annoncé mais
tellement juteux que l’on en garde encore un
arrière-goût dans la bouche. Une section rythmique
de folie, deux guitares plus imaginatives l’une que
l’autre et une voix à laquelle on ne
résiste pas longtemps … Tous les
ingrédients étaient réunis ce soir
pour que l’on passe un bon moment !
Shemekia Copeland, c’est un pur concentré
d’énergie et de talent qui se transforme en
tornade blues dès qu’on lui ouvre la porte qui
conduit à une scène, une artiste pleine
d’humour qui ne manque pas la moindre occasion de charmer son
public en lui glissant quelques mots en Français et en
ponctuant ses morceaux de quelques blagues irrésistibles.
Côté répertoire, Shemekia a de quoi
assurer des concerts à n’en plus finir et
c’est dans ses divers albums qu’elle pioche
aujourd’hui pour nous présenter un set assez
compact où l’on retrouve forcément le
tittle track du dernier effort en date, « 33 1/3 »,
mais aussi l’épatant « Big Brand New
Religion », un hommage à Koko Taylor et
forcément un clin d’œil à
Johnny Copeland avec son « Ghetto Child » revu et
corrigé avec la fougue et la tendresse de sa propre fille.
Si Shemekia Copeland est déjà malgré
son jeune âge une valeur sure du blues et que son
savoir-faire l’a conduit à aller jouer
jusqu’à la Maison Blanche, c’est aussi
parce qu’elle sait s’entourer des meilleurs pour
nous proposer son blues empreint de soul, de groove et de gospel et il
n’y a dès lors rien
d’étonnant au fait de retrouver à ses
côtés l’indispensable Arthur Neilson et
son complice Willie Scandlyn aux guitares mais aussi Kevin Jenkins
à la basse et Robin Gould à la batterie, une
sorte de dream team qui permet à la diva de se
lâcher pleinement et d’emmener sa voix
très haut à la recherche de la blue note. Le
public ne s’y trompe pas et acclame comme il se doit une
chanteuse tellement déterminée que toute petite,
elle se présentait déjà comme une
artiste de blues et qu’elle s’affirmait
prête à faire l’amour avec un crocodile
pour arriver à ses fins … Sacré
caractère pour une sacrée artiste !
L’heure de se quitter ne tarde pas à arriver et
s’il n’est pas encore minuit quand nous quittons la
salle, non sans avoir salué comme il se doit
l’équipe d’organisation et les amis de
Blues Magazine qui y ont installé leur stand, on garde en
tête le souvenir d’une soirée qui aura
tenu toutes ses promesses, même si le programme
chargé de cette fin de semaine à Cléon
a conduit les plus frileux à rester chez eux devant la
télé. Un Fred Chapellier plus virtuose que
jamais, une Shemekia Copeland plus vraie que nature … Si ce
n’est pas l’idée même que
l’on peut se faire du bonheur, ça y ressemble
quand même beaucoup !
Fred Delforge
– novembre 2014
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