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BLUES & SOUL REVUE au TRIANON (75) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
samedi, 15 novembre 2014
 

BLUES & SOUL REVUE
LE TRIANON – PARIS (75)
Le 13 novembre 2014

http://www.bluesweb.com
http://www.nuevaonda.fr/
http://www.nuevaondarecords.com/

A évènement exceptionnel, présence exceptionnelle … C’est ainsi que Le Trianon affichait ce soir complet pour cette Blues & Soul Revue aussi copieusement garnie sur la scène que dans les gradins avec côté VIP des représentants des plus belles salles de l’hexagone telles que L’Odéon à Tremblay en France, La Passerelle à Cléon, Le Temps des Crises à Beaumont en Beuvron ou Le Sonograf’ au Thor mais aussi des festivals majeurs comme Cahors Blues Festival ou Blues Notes à Franqueville St Pierre et quelques représentants de France Blues, de l’European Blues Union ou encore Jeffrey Davis de Playing With Fire à Omaha, Nebraska. Ajoutez Sebastian Danchin en personne pour faire les présentations et on peut dire que la soirée s’annonçait sous les meilleurs auspices, quand bien même, côté photographes, on se marchait quelque peu sur les pieds, mais toujours dans la bonne humeur.

Ancien lauréat du Tremplin de La Traverse, c’est Alex Massmedia qui allait ce soir chauffer la salle avec quelques titres proposés en duo devant une assistance qui manifestement apprécie la voix et la présence scénique d’un artiste qui prend de plus en plus d’envergure au fil de ses sorties. Avec déjà un pied dans la cour des grands, Alex fait bien plus que préparer le terrain et s’annonce d’ores et déjà comme une des valeurs sures de demain avec un potentiel qui ne demande qu’à être mis sous le feu des projecteurs. C’est tout le mal qu’on lui souhaite car en plus d’avoir du talent, il est particulièrement sympathique !  

Juste le temps de changer les réglages et voilà déjà Big Daddy Wilson qui se présente devant le public dans une version parmi les plus intéressantes puisqu’il associe ce soir sa voix et sa guitare à Morblues et en particulier à son frontman, Roberto Morbioli, chanteur et guitariste du combo transalpin. S’il s’est découvert une vocation de bluesman sur le tard et en Allemagne où il vit, l’Américain Big Daddy Wilson n’a pas attendu bien longtemps pour devenir un des incontournables du genre et il n’y a pas grande surprise à le retrouver dorénavant partout en France et en Europe dans des salles et des festivals où sa musique fine et racée fait mouche à chaque fois !

On dépose ensuite quatre chaises sur la scène du Trianon et ce sont quatre pointures qui s’y installent, avec pour commencer Harrison Kennedy, aussi talentueux que charismatique, qui prend le premier le micro au sein d’un quartet irrésistible où on compte Ruthie Foster, Eric Bibb et Michael Jerome Browne. Si l’expression Four Million Dollar Quartet n’avait déjà été prise plus tot par de célèbres locataires de Sun Studio, elle trouverait là sa plus parfaite expression, d’autant que chacun à leur tour, les artistes accompagnés pour leurs pairs vont nous proposer des mélodies d’une inouïe finesse et d’une délicate sensualité. De la soul, du blues et une pointe de folk … Le bonheur tient parfois à peu de choses et le public, qui l’a bien compris, applaudit à tout rompre !

A peine le temps de souffler que voilà déjà Arnaud Fradin, leader de Malted Milk, qui se lance toutes guitares dehors mais aussi cuivres au vent dans une intro endiablée qui annonce l’arrivée de Toni Green avec qui le combo nantais vient de sortir un album. Pas complexée, la chanteuse memphite se présente à son public dans une robe jaune très largement fendue mais attire avant toute autre chose l’oreille avec une véritable démonstration de soul digne de ce qui se fait depuis des années du côté de chez Stax. Remarqué sur la scène du Cahors Blues Festival cet été, le projet Milk & Green confirme sans le moindre mal son statut de « next big thing » et ce n’est pas pour nous déplaire, loin s’en faut !

Le temps de se désaltérer à l’entracte et on y retourne bientôt avec Mathis Haug qui se présente en duo guitare / percussions avec son complice Stéphane Notari, marteleur de bidons, gamelles at autres valises en tous genres … Effet roots garanti, quand bien même Mathis va s’amuser à nous faire traverser son blues sur son côté le plus large, passant d’un blues calme et délicat à un blues rock carrément dévastateur mais de nature à réveiller les morts et à les mettre au service de sa cause. Un pied dans la finesse et l’autre dans les watts, Mathis Haug confirmera ce soir qu’il fait partie de ce qui se fait de mieux en matière de blues dans l’hexagone avec une place incontestée parmi les dix ou quinze meilleurs formations du genre.

Quelques récents pépins de santé n’ont enlevé en rien la bonne humeur de Larry Garner et après des retrouvailles en duo avec Michael Van Merwyk au Danemark le week-end dernier, c’est ce soir dans ses expériences plus personnelles qu’on le retrouve pour une paire de titres littéralement irrésistible dont un « She’s The Boss » repris en chœur par une assistance survoltée qui apprécie autant le charisme de Larry Garner que son incommensurable talent de bluesman. Quand on vous disait que la soirée allait être chaude et mémorable, il n’y avait assurément pas tromperie sur la qualité de la marchandise puisque chacun des participants ce soir est du calibre d’une tête d’affiche !

Place à Pura Fé maintenant, qui nous arrive dans une configuration moins intimiste que ce qu’elle proposait il y a quelques années et qui est ce soir encore accompagnée par Mathis Haug à la guitare et Eric Longsworth au violoncelle. Le blues plein de nuances aux cachets indianisant de Pura Fé y gagne du même coup et charme et en efficacité et ça passe carrément bien auprès d’un public qui n’apprécie qu’encore un peu plus cette artiste originale et convaincante qui, pour l’occasion, en devient même encore plus attachante.

Nikki Hill, c’est la bombe soul du moment, une de ces artistes explosives qui vous entrainent en plein cœur du son de Memphis et qui vous retournent une salle en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Un groove en tous points irrésistible, une personnalité très forte et des morceaux qui tiennent le haut du pavé, en fermant les yeux, on se reprendrait presque de plein fouet les souvenirs d’Aretha Franklin et de Tina Turner mais le charme de Nikki Hill est tel qu’on les garde bien ouverts pour pleinement profiter de la vue et de l’écoute d’une artiste qui gagne véritablement à être connue. Ça tombe bien, on la reverra très vite sur ce que l’hexagone compte de mieux comme salles et comme festivals !  

Eux aussi écumeront les plus beaux festivals de blues dans les jours et les semaines à venir puisque la New Blues Generation va se promener un peu partout dans le pays … Derrière ce nom prometteur se dévoilent à nous pas moins de trois rejetons de fameux bluesmen, Shawn Holt, fils du regretté Magic Slim, Wayne Baker Brooks, fils du génialissime Lonnie Brooks et enfin Tasha Taylor, la dernière des filles du chanteur Johnnie Taylor. Ajoutez leur une section rythmique où l’on retrouve Russell Jackson à la basse et Jerry Porter à la batterie et vous avec sous les yeux un véritable monument construit à la gloire du blues avec trois chanteurs et guitaristes au talent évident et à la dextérité impressionnante. Et si vous ajoutez à cela la sensualité de Tasha Taylor, il devient difficile de résister à cette New Blues Generation !

C’est autour d’un verre de vin que les happy few se retrouveront avec les musiciens à la fin d’un concert qui s’est montré à la fois fluide et consistant, un concert qui tombe à point nommé pour saluer l’arrivée de Nueva Onda Records au sein de l’industrie discographique nationale mais aussi pour rappeler que sans des activistes comme Nueva Onda Production et Dixiefrog Records, le paysage blues français ne serait sans doute pas le même. Mettre plus d’un millier de personne dans une salle de concert parisienne un soir de semaine avec du blues, ils en rêvaient, et en plus ils l’ont fait ! Mais il faut avouer qu’ils avaient des arguments pour attirer le public avec une telle affiche …

Fred Delforge – novembre 2014