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LEFT LANE CRUISER au POINT EPHEMERE (75) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Hamelin  
lundi, 03 novembre 2014
 

DIRTY DEEP - LEFT LANE CRUISER
LE POINT EPHEMERE – PARIS (75)
Le 25 octobre 2014

https://www.facebook.com/dirtydeep.official
https://www.facebook.com/pages/Left-Lane-Cruiser/16313548150

Left Lane Cruiser ou les trublions du blues. Le trio, puisque nos deux bucherons de Fort Wayne, Indiana, tourne désormais avec un batteur, était en concert au Point Ephémère. Soit Frederick J. Evans IV aux guitares, voix, harmonica ; Pete Dio en batterie, percussions et raps et Joe Bent (remplaçant Brenn Beck, membre fondateur) à la basse, skiddley-bow et chant. Signés au départ par Fat Possum Records, ils évoluent désormais chez Alive Records.
Eh bien ces gars-là, élevés aux grains du blues façon Mississippi, l'accoquine allégrement au garage rock et au rock n roll tendance punk des plus cradingues mais le tout est réellement en Osmose et c'est en cela qu'il est intéressant. On pense fortement à l'héritage de RL Burnside et de Junior Kimbrough mais les riffs sont castagneux à souhait. Le tout fait une partie intégrante des nu-blues old school que déversent depuis le début des années 2000 des rednecks pur souche comme Scott H. Biram, Seasick Steve ou le fer de lance du mouvement que sont les Black Keys.

D'ailleurs Fred J. ne le cachant pas est grand fan non seulement de Son House mais d'AC/DC ... Le mélange c'est un peu le Delta pollué à l'huile de vidange avec en prime chemise à carreaux de rigueur, jean déchiré, casquette agricole, et barbe fournie. Les Left Lane Cruiser ont déjà six albums à leur actif dont l'emblématique « Bring your ass to the table » dont est issu leur morceau-phare « Big Momma », et le non moins saignant « All You Can Eat !! », (« Tout ce que tu peux bouffer !! »), sorti en 2009. Ils tournent cette année présentant leur dernier Opus, « Rock them back to hell »

C'est une prestation étonnante en première partie de l'alsacien Dirty Deep, cette fois ci accompagné d'un batteur, qui sur la même lancée nous assène un delta blues musclé mi morceaux originaux mi reprises, qui réveille un public qui s'impatiente fortement. One-man-blues-band, percu, guitare, chant et harmonica réunis autour d'une voix gouailleuse, il a déjà un public conquis. « Shotgun Wedding », c'est l'un des albums blues, voire même des albums tout court, sur lequel il est interdit de faire impasse cette année, de peur de finir par s'en mordre les doigts un jour ! Et parmi les reprises : du Robert Johnson, du Leadbelly (« John The Revelator »), du Howlin'Wolf mais aussi du Depeche Mode (« Personal Jesus ») ou du Calvin Russell (« Rats and Roaches ») façon blues graisseux ...

Le point Ephémère n'est pas vraiment une scène qui enchante les photographes, car question lights c'est assez discret mais il y règne une ambiance de club style CBGB propice à ce genre de concert, pêchu et punk. C'est donc dans une semi-pénombre qu'apparaissent nos bucherons tout en entamant « Joe » en préambule, qui n'emprunte rien au blues mais plutôt aux Melvins ... « Big Momma » pour le seconder et passés les premiers accords, la foule se lâche ... En aparté , pour ma propre expérience, c'est le seul groupe de blues ou l'on pogote frénétiquement et où l'on peut grimper sur scène et sauter dans le public !

« Big Momma » résume tous les textes de Fred J. Evans, du sexe, de la bouffe et de la bière, le tout ponctué de yeaheah ah yeah !!! Mais c'est du grand morceau avec un riff à faire rêver les producteurs! S'en suivent « Full Grass Boogie », comme son nom l'indique, toujours du Nasty Naughty Sound rappelant cette fois ci ZZ Top ; « Mr Johnson » hommage au grand Robert Johnson ; « Get real » et « Feel like goin' home » (morceaux somme toute assez classiques) ; « Porn n'Beans » sorti sur l'album de 2008 qui est une pure ode aux restos routiers de Fort Wayne, Indiana ... Tout l'album, « Bring your ass to the table » tourne d'ailleurs autour de la bouffe (il suffit d'y écouter aussi « Ho Cake », et de méditer) « Black Betty », reprise de Huddie Leadbelly, qui s'éloigne bizarrement de la version de Ram Jam de 1977, car beaucoup plus épurée, mais toujours aussi jouissive ! Le public est en transe et des types volent au-dessus des têtes !

S'en suivent une dizaine de morceaux avant rappel, dont « Money for nothing » (rien à voir avec Dire Straits, je vous rassure !) qui démarre sur un hymne américain écorché et pour une fois un texte un peu moins léger puisque axé sur la crise économique et les laissez pour compte de l'après subprimes, et surtout « Strangehold » et « Skateboard blues » qui voit arriver sur scène un bien étrange instrument ! Pendant qu'Evans maltraite un Dobro avec fougue, au rythme des coups rageurs de Pete Dio (joli éponyme d'ailleurs ... aurait-il quelques liens avec Ronnie James ?) à la batterie ; notre bassiste lâche la quatre corde et exhibe fièrement un skate !!! Et pas n'importe lequel !!! Un Skiddley-Bow, soit une planche ou ont été tendues deux cordes branchées au secteur et ou Joe Bent, en slideur fou, décoche ses balles hurlantes. Un son aérien proche de la slide guitare, mais toujours aussi gras !

Un final avec « Riverwalk », issu du tout premier album « Gettin' Down On It » et écrit par le premier bassiste Brenn Beck, un son défini comme étant du hillgrass bluebilly blues par les deux acolytes. Et un rappel avec un Rap Flow du batteur Pete Dio, à la barbouze aussi impressionnante que ses tatouages, qui a fini par casser l'intégralité de ses baguettes, et qui, rugissant un Fuck impitoyable, saute dans la foule ... Rap plus proche des Beastie Boys que du old School Chicago ! Une heure et demie plus tard et une quinzaine de bières pour nos trois acolytes, un rideau qui tombe sur une foule conquise qui n'en finit plus de pogoter ! Left Lane Cruiser ou un concert à voir au moins une fois dans sa vie pour y coller de la bonne humeur ruisselante de sueur.

Fred Hamelin – octobre 2014