Ecrit par Fred Delforge |
|
|
dimanche, 26 octobre 2014
Santié Papang
(Sakifo Records -
Atmosphériques – 2014)
Durée
48’59 – 14 Titres
https://www.facebook.com/mayakamaty
Elle est née dans l’art, entre une mère
conteuse et un père musicien mais aussi au milieu de tous
les artistes qui passaient à la maison, Ziskakan, le groupe
de son père, Gilbert Pounia, Alain Peters …
Amoureuse de son île mais aussi de la langue
Créole de la Réunion, Maya Kamaty a
vécu les premières années de sa vie
à une époque où les
autorités interdisaient le Maloya, le fameux blues ternaire
venu des esclaves qui travaillaient jadis dans les plantations de canne
à sucre, il n’y a donc rien
d’étonnant à ce que la jeune femme
s’en inspire aujourd’hui, d’autant que
cette musique est dorénavant inscrite au patrimoine culturel
immatériel de l’humanité par
l’Unesco, et c’est tout naturellement
qu’elle porte à son tour fièrement un
flambeau que ses parents ont allumé à la fin des
années 70 avec Ziskakan. Chanté essentiellement
en Créole, « Santié Papang »
est le premier album d’une jeune artiste ambitieuse et
déterminée, un album pour lequel elle se joint
à Moana Apo aux percussions, Stéphane
Lépinay aux guitares et claviers et Kilik Payet aux guitares
et ukulélés mais aussi à une foule
d’intervenants avec lesquels elle raconte une histoire, son
histoire, où il est question de cyclones et de mort, des
violences conjugales et des angoisses, de l’espoir aussi, et
enfin de ses modèles, Alain Peters et Billie Holiday
à qui elle rend hommage dans « Dernié
Viraz », une création personnelle dans laquelle
Maya réécrit à sa manière
« Strange Fruits » avec beaucoup
d’inspiration et avec une certaine intelligence. Deux titres
en Français écrits par le poète
mauricien Michel Ducasse pour compléter le tir et
voilà « Santié Papang » qui
s’ouvre en grand à la manière
d’une fenêtre depuis l’Océan
Indien, une fenêtre au travers de laquelle on entrevoit les
sentiers de Mafate, les roches du Piton des Neiges et la lave
jaillissant de la Fournaise mais aussi les champs de canne et le
souvenirs des douleurs qu’ils ont suscité en
d’autres temps. C’est la Réunion qui
s’offre toute entière à
l’auditeur, mais pas celle des cartes postales, celle de ses
habitants et se son quotidien ! Tout simplement superbe …
|