lundi, 01 septembre 2014 LES
RENDEZ-VOUS DE L’ERDRE
NANTES (44)
Du 29 au 31 aout 2014
http://www.rendezvouserdre.com
vendredi 29 aout 2014
C’est toujours avez le même plaisir que
l’on retrouve
les bords de l’Erdre chaque dernier week-end
d’aout, tout
d’abord parce que l’on sait qu’il y aura
les amis du
blues et du jazz, des organisateurs du festival jusqu’aux
membres
du jury en passant par les techniciens, les
bénévoles, la
sécurité et bien entendu les artistes, mais aussi
parce
que l’on sait bien que les RDV de l’Erdre sont une
fête, celle de la musique et de la belle plaisance mais
surtout
et bien plus simplement celle de la convivialité. Alors
quand en
prime on descend du TGV sous un beau soleil et que Jean-Michel, le
même bénévole que
l’année
précédente, vient pour vous accompagner vers
l’hôtel puis le festival, ça fait tout
de suite
plaisir de se retrouver en terrain connu et accueillant !
Le temps de récupérer les pass et les kits de
survie et
on se retrouve déjà à la cantine
autour d’un
verre avec les amis du jury … Il y a là les
fidèles, Christophe, Alain, Jean Paul, Jacques et les
autres,
et on célèbre forcément une
année de
plus, la dixième en ce qui concerne le tremplin, un grand
cru de
toute façon puisque nous sommes tous heureux
d’être
là pour découvrir dès demain six
groupes qui se
démèneront pour remporter tous les prix mis en
jeu,
beaucoup de programmations dans l’Ouest de la France bien
entendu, mais aussi divers cadeaux. Et puis comme il y a
déjà des concerts ce soir, on file tout de suite
vers
l’Ile de Versailles pour y retrouver notre chère
scène blues posée à la
manière d’un
coquillage au bord de l’eau …
Le groupe qui ouvrira cette année le bal est bien plus
qu’une formation régionale originaire de
Vendée puisque Nomad n’a pas son pareil
pour nous
proposer les standards de la musique noire américaine
à
sa propre manière, proche des titres originaux bien entendu,
mais aussi avec une certaine personnalité qui les rend
attachants. On traverse Stax et la Motown une heure toute
entière et on se prend une grande rasade de Ray Charles,
d’Isaac Hayes, d’Al Green, de Wilson Pickett,
j’en
passe et des meilleurs. La voix de Thomas est chaude,
assurée,
son saxophone ne démérite pas, même
s’il
s’en sert avec parcimonie, et derrière lui,
ça
roule bon train avec un groupe qui visiblement se fait plaisir
à
partager des bonnes ondes avec un public déjà
très
nombreux ! Voilà une entrée en matière
qui laisse
augurer du meilleur pour ces trois jours de blues au fil de
l’Erdre et pour tout avouer, on n’en avait pas
douté
une seule seconde !
Le temps pour Pitch et ses boys de nous fignoler une scène
aux
petits oignons et c’est déjà au Jimmy
Johnson Band
de venir nous séduire …Avant que la
légende
américaine ne vienne nous démontrer
qu’à
presque 86 ans on peut rester un fringant jeune homme toujours
très vert, ce sont nos amis qui l’accompagnent qui
nous
mettent l’eau à la bouche avec deux titres rien
que pour
eux, le premier chanté par Julien Brunetaud, le fameux
pianiste
de boogie que l’on apprécie tous, le second par
Anthony
Stelmaszack, guitariste émérite dont les amateurs
de
blues ne tarissent pas d’éloges. Quand on sait
qu’à leurs côtés il y a
Antoine Escalier
à la basse et Fabrice Bessouat à la batterie, on
sait
déjà de toute façon que la
soirée sera
d’une incroyable virtuosité mais aussi
d’un feeling
et d’un groove de tous les instants !
Ce rapide apéritif avalé, c’est Jimmy
Johnson qui
vient bientôt chausser sa guitare pour nous emmener dans des
endroits cachés du blues dont lui seul a le secret et les
clefs
qui l’ouvrent … Et là mes amis, la
magie
opère, le groupe affiche une banane impressionnante, votre
pied
droit commence à battre la mesure, le gauche suit
très
vite, les hanches se libèrent et bientôt tout le
corps est
sujet à de sacrées secousses, pour certains assez
discrètes, pour d’autres moins, et le
phénomène est valable pour les quelques milliers
de
personnes qui se pressent devant la scène ! Que
l’on soit
fan de Chicago Blues ou simple amateur de musique, il est difficile de
ne pas se laisser embringuer dans ce set tellement communicatif que le
groupe en oubliera même de le couper par un entracte, pour le
plus grand plaisir d’une assistance qui du même
coup peut
rester à son rythme de croisière du
début à
la fin de la soirée …
Les standards du blues de la windy city mais aussi ceux
d’ailleurs vont s’intercaler avec les classiques de
Jimmy
Johnson et après une rapide apparition sur un titre, Karl W.
Davis finira même par rejoindre ce grand personnage des douze
mesures pour un rappel final pas piqué des vers, une sorte
de
jam complètement improbable entrecoupée de
quelques
hymnes incontournables du genre et terminée comme il se doit
sur
les dernières mesures de « Sweet Home Chicago
» !
Quelle soirée …
Le temps de saluer chaleureusement les artistes et de se donner
rendez-vous très vite pour d’autres concerts et
nous
sommes déjà demain … Un pot
à
l’espace coordination pour se remettre de toutes ces belles
émotions, un rapide tour dans la ville où hormis
le
« Off » qui bat son plein il ne reste plus
grand-chose
à écouter et on se met bientôt
à fendre la
foule des badauds pour rejoindre le Duquesne où, magie des
ascensoristes en intervention, nous affronterons par les escaliers les
cinq étages qui nous séparent du sommeil du juste
… Pas grave, on se rattrapera demain avec une assiette
d’huitres sur les bords de l’Erdre, et
peut-être
même avec du Muscadet !
samedi 30 aout 2014
Nantes a cela de bien que son centre-ville est
dédié aux piétons et il est donc
agréable de s’y promener, d’autant que
la ville regorge d’endroits insolites ou tout simplement
attachants et que les gastronomes ne manquent jamais en plus
d’y trouver leur plaisir avec des pâtisseries
traditionnelles ou encore avec un marché où le
poisson mais aussi la charcuterie régionale sont rois. Un
tour par le Passage Pommeraie, par le Marché Talensac ou
encore par le Château des Ducs de Bretagne et la
matinée est ainsi vite passée, d’autant
que les huitres nous appellent sur les coups de 11 heures pour un
festin apéritif fort bienvenu !
On retourne ensuite rapidement aux choses sérieuses avec les
premiers concerts sur la Scène Blues sur les coups de 15
heures et c’est en même temps le début
du Tremplin des RDV de l’Erdre puisque le Big Matth Band
ouvre le bal des candidats. Nous offrant un voyage en terre des
50’s et 60’s nord-américaines, Big Matth
au chant et à la guitare ne se fait pas prier pour nous
offrir un blues carré et efficace porté par une
section rythmique de luxe emmenée par Lonj à la
basse et soutenu par un clavier d’une efficacité
à toute épreuve. Voilà un premier
concert qui en dit long sur la qualité d’un
tremplin qui n’a pas fini de nous séduire tant la
liste des groupes présents est réjouissante !
Cinquante minutes de set devant une foule compacte, c’est
déjà beaucoup pour un groupe en
développement, mais on en aurait quand même bien
pris un peu plus …
On continue avec Bluetrail, une formation qui a de la bouteille mais
qui a aussi le tire-bouchon qui va avec et qui nous débouche
un « Hoochie Coochie Men »
millésimé en début de set pour le plus
grand bonheur des puristes ! Ça part en flèche et
ça ne retombe pas une seule seconde avec un groupe qui
mélange ingénieusement les classiques et les
compositions et si la Les Paul nous quitte un instant sur une perte
subite de son « La », Bluetrail n’en perd
pas son latin avec une équipe conséquente qui
sait associer intelligemment une technique quasiment parfaite avec un
feeling de tous les instants et avec surtout un vrai plaisir qui saute
de la scène à la foule tant le sextet donne de
son talent pour que la communication s’établisse
et que le courant passe ! Une fois encore, la cinquantaine de minutes
dévolue à Bluetrail nous aura semblé
très courte …
On passe maintenant au troisième candidat du jour, The Big
Shot, et une fois encore on reste en terrain de connu puisque le combo
compte deux têtes qui ne nous sont pas
étrangères, le batteur-chanteur David Avrit et le
contrebassiste Maxime Genouel que l’on croise aussi avec les
Lazy Buddies ! Du swing, du blues, du
rhythm’n’blues, du rock, le groupe nous fait
plonger dans les années 40 et 50 et c’est
habilement pimenté par des cuivres qu’il
créé une ambiance qui tourne presque à
l’émeute tant le public se presse du
côté des CD à vendre pour faire voler
en éclat un stock d’une grosse soixantaine de
pièces ! En face des musiciens, ce n’est
guère moins remuant et à voir
l’attitude du public, on se dit que le courant là
aussi passe à merveille, d’autant que le travail
est poussé à fond avec des voix
différentes mais complémentaires à
chaque morceau et un accent tout particulier mis sur les harmonies et
sur les arrangements. Décidément, cette
première journée de tremplin aura
été très pro !
Le temps d’aller se restaurer avec les amis au restaurant du
festival où l’on croise en toute
simplicité les plus grands artistes et les
bénévoles, les agents de
sécurité et les techniciens, et il est
déjà l’heure de passer au gros morceau
du soir avec une pointure ou plutôt avec des pointures
puisque la Soul Gift Revue de l’organiste Raphael Wressnig
compte quelques monstres sacrés comme le guitariste Enrico
Crivellaro mais aussi la chanteuse Deitra Farr, une des
pièces maitresses de la scène de Chicago ! Quand
on sait que ces trois-là ne font
généralement pas dans la dentelle, on imagine que
la soirée va être animée …
Preuve s’il en fallait, c’est un Raphael Wressnig
explosif qui entame le set avec des envolées
d’orgue Hammond à faire pâlir les
meilleurs musiciens ! Du blues comme s’il en pleuvait mais
aussi beaucoup de swing, des allers et retours incessants entre les
sons de Chicago, de Detroit et de Memphis, la Soul Gift Revue a de quoi
donner des fourmis dans les jambes et c’est une fois encore
un gros moment de fun qui se prépare pour le public,
d’autant qu’à côté
de Raphael Wressnig, Enrico Crivellaro mais aussi un groupe tout entier
solidement cuivré ne ménagent pas eux non plus
leurs ardeurs. Dire que l’on est entré dans une
autre dimension n’est pas exagéré et
ça, tout le monde l’a bien compris !
L’arrivée de Deitra Farr ne sera pas moins
impressionnante et si la plantureuse chanteuse a un peu de mal
à se hisser sur le tabouret qu’on lui a fourni,
elle n’en perd pas pour autant sa voix et son groove et nous
embarque sur le Lac Michigan pour nous y faire croiser quelques belles
pièces d’un blues chaud bouillant comme on
l’aime. Là encore le groupe en fait des tonnes,
mais toujours dans le bon sens du terme, et si on multiplie les plans
en tous genres pour plaire à la foule, on n’en
oublie pas pour autant l’essentiel qui, dans le cas
présent est une fois encore la musique en
général et le blues en particulier ! Un gros
show, un rappel mémorable avec Raphael Wressnig debout sur
son orgue … Si un groupe a marqué les esprits ce
soir à Nantes, c’est bien celui-là !
Le temps de rentrer vers le Duquesne en croisant la Scène
Nautique où l’on entend au loin Didier Lockwood
sans pour autant le voir tant la foule est dense et il est
déjà temps de penser à une suite qui
ne manquera pas une fois encore d’être captivante
demain avec un brunch, des groupes de blues et même en fin de
journée Thomas Ford, le gagnant de
l’édition 2013 du Tremplin des RDV de
l’Erdre. En attendant, le repos est de rigueur
!
dimanche 31
août 2014
Difficile de résister à l’appel des
huitres, d’autant plus quand elles étaient comme
c’était le cas hier midi excellentes ! Du coup on
fonce vers les bords de l’Erdre dès onze heures
pour se régaler un moment en attendant le rendez-vous brunch
du midi au Canotier. Là nous attend ensuite le Blues Organ
Combo qui à quelques petits détails
près ressemble à s’y
méprendre aux Bad Mules, ce qui n’est pas pour
nous déplaire … La foule compacte à
souhait acclame le trio durant un set en extérieur
rythmé par les passages du tram à ras des
spectateurs, gros frisson garanti ! Par chance la
sécurité est là pour remettre tout le
monde dans les clous et c’est avec une perte à
zéro que Julien Broissand, Julien Agenet et leur complice
guitariste rendront bientôt le public à la
scène blues pour la deuxième et
dernière journée du Tremplin des RDV de
l’Erdre.
On entre très vite dans le vif du sujet avec The Kid Colling
Cartel, emmené par un frontman luxembourgeois qui ne
s’en laisse pas conter. Du blues pas toujours
forcément très original mais globalement bien en
place, ces jeunes gens vont nous en donner pour notre compte en ce
début d’après-midi où le
public prend un peu son temps pour arriver et où
l’on peut du même coup circuler facilement pour
quelques minutes encore devant les artistes. Une guitare et un chant
qui méritent le respect, une section rythmique qui
s’est trouvée et des claviers qui ne perdent pas
une occasion de se mettre en valeur, voilà un groupe qui
aura su nous offrir une belle entrée en matière
juste après le repas dominical !
On change de registre avec N’Deye & The Three
Generations Blues Band qui vient nous délivrer un set
emmené par la guitare éruptive de
François Nicolleau. Si le groupe est jeune de formation, il
rassemble comme son nom l’indique pas moins de trois
générations avec des « gosses
» issus de la scène locale mais aussi un
« papy » batteur
révélé sur le tard par les ateliers
musique de Nantes. Ajoutez à cela une chanteuse
sénégalaise à la voix chaude et au
charisme certain et voilà la scène blues qui se
met à groover de manière presque
déraisonnable, mais bon dieu que ça fait du bien
de voir ça. La doublette piano / guitare ne
déméritera pas durant la cinquantaine de minutes
que durera le set et à n’en point douter,
N’Deye & The Three Generations Blues Band auront su
réveiller la fibre soul de l’assistance !
Les intermittents sont en colère et ont fait le choix de
faire un débrayage de trente minutes ce soir à
l’heure du goûter, l’occasion pour eux
aussi de se mettre sous les feux des projecteurs et d’exposer
leurs revendications mais aussi leurs difficultés
quotidiennes auprès d’un public qui parfois ignore
tout de ce statut présenté par les uns comme une
poule aux œufs d’or et
considéré par d’autres comme une juste
valorisation d’un travail pas si facile que l’on
veut bien le dire …
On reprend le chemin du blues avec les Magic Monkeys, la formation
emmenée par Kevin Guégan qui animait jadis le
Kevin Texas Band et qui s’accompagne aujourd’hui
d’une section de cuivres efficace, pour ne pas dire
redoutable. Des compos enlevées, un charisme de tous les
instants de la part d’un leader qui ne ménage pas
sa peine et qui descend même dans le public pour
réchauffer les âmes et les cœurs, une
grosse boule d’énergie qui se déverse
dans le public en renversant tout sur son passage, ces drôles
de singes nous auront mis sur les rotules grâce à
leur prestation totalement délurée, et dans le
sens positif du terme s’il vous plait.
L’assistance, conquise, leur réservera
même une sortie de scène à la hauteur
de leur prestation !
L’heure est venue de délibérer et de
désigner les lauréats des différents
prix, à commencer par les trois premières places
des RDV de l’Erdre qui récompenseront dans
l’ordre N’Deye & The Three Generations
Blues Band, The Big Shot et Magic Monkeys, les premiers remportant le
droit de se produire l’an prochain sur la même
scène en clôture du festival, les seconds se
voyant dotés d’une somme de 700 Euros pour
financer un enregistrement professionnel et les troisième
recevant une année d’adhésion et une
mise en avant par France Blues. Divers prix de programmation et autres
récompenseront également les artistes pour leur
prestation du week-end avec les prix France Bleu et
Léon’s Blues Festival remis à
N’Deye & The Three Generations Blues Band, les prix
Soulbag et Montfort Blues Festival attribués à
The Big Shot et enfin le prix So Blues décerné
à The Kid Colling Cartel.
C’est finalement à Thomas Ford
qu’échoira la tache de refermer la
scène blues en délivrant un set bien trop court
durant lequel il changera régulièrement ses
guitares vintage mais où il jouera aussi habilement de sa
voix, du footstomp et de ses harmonicas. Lauréat du Tremplin
2013, Thomas Ford avait fait forte impression auprès
d’un public qui est revenu le voir ce soir et qui regrettera
juste que le spectacle proposé par le bluesman
d’origine britannique n’ai pas
été un peu plus long ! Mais il faut parfois
savoir faire contre mauvaise fortune bon cœur et ce que nous
aura proposé Thomas Ford ce soir avait
déjà de quoi nous réjouir
…
Les scènes du festival se vident tranquillement et ne reste
plus bientôt dans le « In » que
Jean-Jacques Milteau accompagnée des Anglais de 24 Pesos,
mais sur la scène nautique s’il vous plait !
Distillant un blues pour le moins original, le projet qui ne
l’est pas moins emmènera notre harmoniciste
national dans un registre très teinté british
blues avec même un détour du
côté des Rolling Stones. Comme toujours, la
scène nautique est assez complexe
d’accès avec d’un
côté les chaises et de l’autre une vue
des artistes « de dos », ce qui finalement conforte
les plus fatigués dans leur idée
première d’écouter tout ça
de loin, du côté de l’Espace
Coordination où le son n’est pas si mauvais que
ça et où les transats sont confortables
… Dommage pour les photos !
Le temps de rejoindre la Gare TGV de Nantes Atlantique et il ne nous
reste plus qu’à remercier nos hôtes et
leur formidable équipe de bénévoles
mais aussi des techniciens à l’humeur et
à l’humour toujours très à
propos ! Cette cuvée 2014 était une fois encore
à la hauteur des plus belles manifestations
(inter-)nationales et plus on avance dans le temps, plus on se dit que
même en étant présenté comme
un festival de jazz, les RDV de l’Erdre sont capable de
présenter une programmation blues à la hauteur
voire même plus alléchante que celles de grandes
manifestations dédiées au genre. C’est
aussi pour ça que l’on aime s’y
retrouver entre amateurs
…
Fred Delforge
– aout 2014
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