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CAHORS BLUES FESTIVAL 2014 pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
samedi, 26 juillet 2014
 

CAHORS BLUES FESTIVAL – 33ème EDITION
ESPACE BESSIERES – CAHORS (46)
Du 14 au 19 juillet 2014

http://www.cahorsbluesfestival.com  

Six heures de route sous la pluie, parfois battante, parfois plus légère, c’est ce qu’il nous aura fallu endurer pour rejoindre Cahors en cette veille de Fête Nationale et si c’est une ville détrempée qui est contrainte d’annuler son feu d’artifice annuel qui nous accueille, ce n’est que partie remise car la fête sera encore plus belle demain et que quoi qu’il arrive, rien ne pourra éclipser notre plaisir de retrouver tous les amis du blues, les vrais de vrais, la Famille Blues pour une première soirée au Méphisto, restaurant incontournables des habitués du festival cadurcien. L’Allemagne prendra son temps pour remporter sa quatrième Coupe du Monde de football mais finira par nous laisser aller dormir un peu avant d’attaquer une 33ème édition un peu particulière …

Lundi 14 juillet : Cahors se réveille avec en toile de fond un soleil discret qui pousse peu à peu les nuages et qui finit par nous offrir un grand beau temps, un peu comme s’il avait compris que cette journée appartenait à l’Histoire, celle du Blues bien entendu, mais aussi celle de la France puisque c’est en présence d’une belle délégation venue spécialement des Etats Unis qu’un Marker de la Mississippi Blues Trail allait être inauguré au cœur de la ville ! Réunis dès 11 heures 30, les happy few vont partager un repas tous ensemble avant d’aller découvrir le Marker en petit train touristique et d’écouter les discours des représentants locaux mais aussi régionaux et bien entendu internationaux.

C’est donc en présence de Malcolm White, Directeur du Tourisme de l’Etat du Mississippi, de Jay Sieleman, Président de la Blues Foundation de Memphis et de Robert Terell, Directeur des opérations du BB King Center d’Indianola que Cahors et son fameux festival deviendront officiellement en ce début d’après-midi une étape incontournable sur la Route du Blues, la seconde en Europe après Notodden, en Norvège ! Un instant solennel et historique qui n’aura pas manqué de faire un petit voire même un gros pincement au cœur à notre ami Robert Mauriès lorsqu’il évoquera ses amis et prédécesseurs à la tête de ce festival, Gérard Tertre bien entendu, mais aussi Jean-Pierre Lemozit dont blessure ouverte par sa disparition brutale et inattendue n’est toujours pas été cicatrisée avant cette deuxième édition orpheline de sa présence. 

L’heure d’ouvrir le 33ème Cahors Blues Festival aura bientôt sonnée et c’est après un retour vers Bessières que l’on accueillera sur la scène du Village du Blues le premier groupe de la soirée, Jimmy ‘Duck’ Holmes et Terry ‘Harmonica’ Bean venus tous deux du Mississippi pour nous apporter eux aussi un peu des eaux boueuses du fleuve au travers d’une musique qui sent bon le delta, la terre, et qui porte en elle l’héritage des Robert Johnson et autres Skip James. Les deux complices réunis pour l’occasion partageront avec une assistance conquise toutes les bonnes choses qu’ils ont mis dans leurs valises et dans leurs instruments et c’est sous le signe du blues ancestral que ce premier concert marquera fortement les esprits ! 

On reste du côté des racines avec Lorenza et Keith Secola qui apportent une autre couleur, celles des populations natives puisque Lorenza est une des rares artistes françaises à chanter avec les Indiens Navajos et que Keith est lui-même Amérindien, Ojibwa de la tribu Anishinabé. Difficile de résister à ce blues posé quelque part entre le roots US et les incantations tribales qui viendra nous caresser les tympans pendant une heure trente et plus d’apéritif blues, de transition entre l’après-midi au Village et la soirée à Bessières … Et même si l’on s’éclipsera un temps pour aller se restaurer avec les amis du blues, on ne manquera pas d’entendre au loin les dernières notes d’un duo en tous points enchanteur ! 

Le soleil finit tranquillement son cycle quand Pura Fé entame son set en solo dans un registre indianisant, classique de ce que l’on connaît d’elle en sorte … Mais c’est bientôt rejointe par un groupe dans lequel on compte un violoncelliste, un batteur mi-drums mi-bidons et, last but not least, par Mathis Haug aux guitares et banjos qu’elle continue à se produire, créant la surprise puisque si l’on connaissait bien Pura Fé assise et intimiste, guitare posée sur les cuisses, la voilà ce soir en véritable show-woman a la tête d'un groupe qui ne se ménage pas et qui nous offre un grand concert ! Un répertoire très coloré et particulièrement consistant, des allers et retours entre le blues et ses propres racines indiennes, Pura Fé nous sortira ce soir le grand jeu avant de finir en jam sur un rappel où l’on découvrira une version inattendue et très psychédélique du tube de « Hair », « Let The Sunshine In" … Vous avez dit mémorable ?

Que peut encore apporter Johnny Winter à la musique, si ce n’est une pointe de nostalgie ? Plus grand chose certes, mais c’est avec un énorme respect que l’on accueille une des dernières Légendes du blues encore en activité, et si le musicien est toujours bien là en face de nous, c'est surtout son souvenir que l'on vient rechercher au travers de sa voix tellement éraillée qu’elle en devient déchirée et de son jeu de guitare de plus en plus lointain ... De « Johnny B Goode » a « Got My Mojo Working » et autres « Jumping Jack Flash », on enfile des standards comme d’autres le font avec les perles, le tout avec une nostalgie non feinte et une légère tristesse dans l’âme qui remonte a chacune des grimaces liées à la fatigue et à la douleur que l'artiste endure, même si lui semble être vraiment content d'être sur scène ! Alors on ne tire pas sur l’ambulance puisque chacun des guitaristes présents ce soir aura tenu, ne serait ce que pour un ou deux titre, à voir une fois encore « la Légende » sur scène !

Une première journée est passée, il est temps d’aller prendre un peu de repos avant d’en attaquer une autre qui, elle aussi, devrait être mémorable puisque continuera à nous faire cheminer sur la fameuse « Route du Blues », celle qui passe désormais par le « Crossroads » des Départementales 620 et 911 … 

Mardi 15 juillet : On ne s’ennuie jamais au Cahors Blues Festival puisque outre le plaisir de retrouver les amis de la communauté blues, les activités ne manquent pas comme par exemple cette exposition de masques de grands bluesmen proposée par Sharon Mc Connell-Dickerson, plasticienne américaine non voyante qui de ses doigts a su reproduire à merveille les visages d’artistes comme Charlie Musselwhite, Koko Taylor, Fruteland Jackson ou encore Super Chickan avec lequel nous étions encore en Italie il y a quelques jours … Une cinquantaine de masques à regarder mais aussi à toucher, voilà une expérience originale proposée par des organisateurs qui ne manquent pas d’idées ! 

Il existe un endroit culte à quelques centaines mètres à peine du Pont Valentré, symbole de la cité cadurcienne, un endroit que tous les festivals au monde nous envient une fois qu’ils l’ont découvert, non seulement pour sa cuisine mais aussi et surtout pour son ambiance installée par Dominique, le Maitre de Céans qui nous y accueille au son du clairon ou encore à l’orgue de Barbarie … Cet endroit, c’est le Méphisto, le traditionnel rendez-vous des amateurs de blues et de convivialité qui ne manquent jamais de s’y retrouver autour de tables sur lesquelles se pressent parfois plusieurs dizaines de convives. Et quand un musicien se joint à la fête, ça se termine forcément en jam … Anarchiste sympathique et rebelle gastronome, grande gueule pleine d’humour et d’amitié, Dominique a fait du Méphisto un des hauts lieux sans lesquels le Cahors Blues Festival ne serait pas tout à fait le même. On t’aime tous Dom !

Histoire de digérer et en attendant les concerts de l’après-midi, on retrouve nos amis américains pour une visite des différentes curiosités médiévales de Cahors, une promenade qui de ruelles en venelles nous emmènera vers les plus vieilles maisons de la ville mais aussi vers une cathédrale et un cloitre qui regorgent de trésors insoupçonnés. Proposée par l’Office du Tourisme, cette promenade permet aux visiteurs de toutes origines de mieux comprendre l’histoire d’une cité qui a compté parmi les plus importantes de la région au moyen âge !

Direction maintenant le Village du Blues où l’on retrouve les stands de nos amis mais aussi une petite scène fort accueillante sur laquelle Fred Chapellier et les Elèves de l’Ecole de Musique du Grand Cahors nous dévoilent les résultats de leurs diverses rencontres pendant une master class qui ne laissera pas le public indifférent ! Des guitares, mais aussi des vents et des voix, tout est matière à jouer du blues dès lors que l’on s’en donne la peine et que l’on en connaît les bases musicales séculaires … Véritable habitué du festival, Fred Chapellier a une fois encore partagé une partie de son savoir et de son expérience avec les autres musiciens !

Le temps d’un changement de plateau et on accueille désormais Nikki Hill, une jeune étoile du rock venue de Caroline du Nord pour nous servir un cocktail explosif dans lequel on retrouve des couleurs allant de Chuck Berry à Led Zeppelin en passant par les Stones ou encore par les Who. Une formation solide pour accompagner le tout, beaucoup de talent et d’énergie et surtout une véritable envie de bien faire, voilà une artiste brillante et pleine de charme qui arrive tranquillement vers sa vitesse de croisière et dont on devrait forcément très vite reparler ! Un des grands noms de demain sans aucun doute …

On passe les barrières qui nous conduisent au cœur de Bessières et nous voilà enfin devant la grande scène avec Malted Milk qui entame en instrumental ses quatre vingt dix minutes de concert. Bientôt rejoint par son frontman, le guitariste et chanteur Arnaud Fradin, le combo nantais nous distille un blues bien soul, bien funky et délicieusement cuivré. Tony Green arrive bientôt à son tour et déclenche véritablement l’explosion pour en arriver à un son posé à la croisée de Stax et de la Motown avec en prime une voix dorée à l’or fin et façonnée avec talent à l’école du gospel et avec bien entendu la traditionnelle rythmique de feu des Malted Milk. Pour une première représentation publique du projet, ce fut là une sacrée première et il fallait vraiment être fort mal inspiré pour oser manquer pareil évènement !

On en arrive au grand show événement de la soirée, un hommage à la Route du Blues qui, on le sait, fait désormais un crochet par Cahors ! Animée par Kathy Boyé et son groupe Vocal Colors, ce concept original va démarrer en duo avec Kathy et Fred Chapellier réunis sur une version poignante de « Strange Fruits » qui ne manquera pas d’émouvoir Robert Terrell qui en avait pourtant déjà entendu d’autres … Le groupe s’installe ensuite et on laisse le bon temps rouler au gré des interventions successives de Terry Harmonica Bean, Jimmy Duck Holmes, Nico Wayne Toussaint, Manu Lanvin, Dale Blade, Craig Adams, Ms Nickki ou encore Lucas Peaquin. Sur fond d’un diaporama réunissant les clichés rapportés du Deep South des Etats unis par Geneviève Mauriès, Béatrice Chauvin et votre serviteur, le spectacle nous emmènera durant près de trois heures vers un final à couper le souffle avec plus d’une soixantaine de personnes sur scène puisque c’est l’école de gospel animée par Kathy Boyé qui rejoindra les planches pour quelques titres dont un « Down By The Riverside » d’anthologie. Et comme quelques photos parlent parfois bien mieux qu’un long texte, on vous résume quelques-uns des moments forts en image sur une planche spécialement dédiée à l’événement !

L’heure est venue pour moi de quitter ce 33ème Cahors Blues Festival mais il reste encore quatre journées avant de refermer cette édition 2014 et nous ne saurions en terminer là puisque Zicazic a dépêché sur place quelques-unes de ses fines gâchettes à qui je transmets en toute confiance le flambeau, certain que le résultat sera comme toujours très réussi ! 

Mercredi 16 juillet : Troisième jour, et la chaleur commence à sérieusement faire son retour, en particulier sur la scène du « Village » où Mathis Haug va débuter son set en plein soleil. Comparé à la dernière fois où je l’avais entendu, en première partie de Bill Deraime avec J.J. Milteau à l’Alhambra, Mathis nous a concoctés là un répertoire très électrique. Et il ne fallait surtout pas hésiter à s’approcher de son compère Stephan Notari pour découvrir l’arsenal très hétéroclite lui servant de batterie, avec entre autre de magnifiques gamelles pour chiens ou un bidon de café expresso ! Une belle entrée en matière pour le public courageux qui avait bravé la chaleur !

Place à Ms Nickki déjà entrevue et surtout entendue la veille lors de cette si fabuleuse soirée hommage à la route du Blues, et qui possède un charisme incroyable et une voix phénoménale ! Une totale découverte pour moi qui ne connaissait même pas son nom jusqu’à maintenant, mais qui ne suis pas près de l’oublier à présent. Elle a eu en plus l’excellente idée de faire monter des spectatrices sur scène pour chanter avec elle, et a été d’une disponibilité totale pour le public. Un super bon moment passé avec elle et ses musiciens.

Très attendu, en particulier par les jeunes femmes et on se demande bien pourquoi… voici donc venir Jonny Lang et ses solos dévastateurs. Comme à Avoine la semaine passée il va être extrêmement démonstratif et régaler les photographes présents. Si le set est réglé à la perfection et les musiciens au super top, j’ai tout de même le sentiment qu’il en fait quelquefois un peu trop, et je le préfère nettement dans les titres plus lents où il fait parler le feeling plutôt que la technique. Une chose en revanche m’impressionne totalement c’est sa voix incroyable ce qui en fait de toutes les façons un artiste incontournable.

J’attendais avec une certaine impatience Eric Burdon & The Animals, ayant eu l’occasion d’assister l’année dernière à un excellent concert d’Animals & Friends créé par deux anciens membres du groupe, John Steel et Mick Gallagher. A force de les voir les uns après les autres, éparpillés un peu « façon puzzle », j’allais enfin me faire une petite idée de ce que pouvait être ce groupe mythique au meilleur de son activité. Malheureusement je n’ai pas trouvé ce que j’espérais sur ce concert, il me manquait quelque chose que je n’arrive pas d’ailleurs à cerner exactement, peut-être un peu plus d’énergie, et je suis finalement parti avant la fin. Il semble d’après les discussions du lendemain que ce soit monté ensuite crescendo, tant pis pour moi alors, il me reste à retourner les voir pour infirmer ou confirmer cette impression plutôt mitigée de ce soir.

Jeudi 17 juillet : Une sale nouvelle est venue plomber l’ambiance sur le festival, et toute la matinée il n’y aura qu’une seule question sur toutes les lèvres : rumeur ou réalité ? Finalement la confirmation officielle tombera à l’heure du déjeuner, Johnny Winter nous a quittés cette nuit à Zurich, tout juste 48 heures après avoir donné son ultime concert à Cahors devant le gotha mondial du Blues. Toutes les conversations des festivaliers seront bien entendu axées sur cet événement et un hommage sera rendu le soir même par Robert Mauriès, avec une minute de silence particulièrement intense et chargée d’émotion. Mais the show must go on et c’est sous un soleil de plomb et une température caniculaire que les vainqueurs du tremplin du CBF 2013, les Red Beans & Pepper Sauce, vont investir la scène du Village pour un set magnifique, comme ils ont pris la très bonne habitude de le faire. La chaleur est telle que Laurent Galichon va même quitter la scène, tout en continuant de jouer, pour aller chercher une bière à la buvette ! L’occasion également de faire la connaissance du nouveau venu aux claviers, Serge Auzier, dont le look Mesdames ne vous laissera sans doute pas indifférentes, avec pour couronner le tout quelque chose en plus côté musical qui fait la différence. Ce groupe est un vrai bonheur que je vous invite très vivement à découvrir si ce n’est pas encore fait !

Attention, pépite ! Karl W. Davis & The Sweetpeas, déjà entrevu sur le festival Bain de Blues en avril dernier, a fait monter la température de quelques degrés supplémentaires. Cet incorrigible charmeur nous a embarqués une nouvelle fois dans un mélange subtil de blues de funk de et de soul, s’adressant à de très nombreuses reprises au public, accompagné par deux choristes et par des musiciens fabuleux. Et que dire du jeu de scène ? Renversant ? La spécialité de Karl W. Davis étant le « porté de Yann », non, pas notre rédacteur-photographe Zicazicien, mais plutôt Yann Cuyeu, ex-Malted Milk et guitariste surdoué. Là aussi je ne peux que conseiller de vous rendre le plus vite possible à l’un de leur concert, vous passerez un moment absolument génial !

Direction l’Espace Bessières pour les deux concerts du soir, non sans avoir effectué de très nombreux allers-retours vers les différentes buvettes tant la chaleur est difficile à supporter. Décidément, cette année est propice aux découvertes avec une nouvelle artiste que je connaissais pas jusqu’à présent, personne n’est parfait … Joanne Shaw Taylor ! Si je vous dis tout simplement qu’en sortant du pit après les trois titres autorisés aux photographes, nous nous sommes regardés avec Sylvie et nous sommes dits « Ouahhhh ! Quelle claque ! », vous avez une idée assez précise que ce que nous avons entendu. Si l’on veut trouver quelques points à améliorer, et il y en a toujours, on peut dire que le tempo était quelquefois limite et que le bassiste jouant sur un tabouret de batteur, ce n’est pas top quand on a un groupe qui envoie comme cela, mais peut-être avait-il juste un petit souci physique auquel cas on lui pardonnera bien volontiers. Ceci étant, le jeu de guitare de Joanne est impressionnant et la demoiselle est un régal également pour les yeux, ce qui ne gâte rien. Peut-être a t-elle tendance, comme notre ami Jonny, à en faire un poil trop dans ses solos mais ce concert a enchanté tout le monde, le public comme nous, et le principal est là.

Les retardataires se hâtent et l’on affiche quasi-complet pour l’évènement de la soirée, Ben l’Oncle Soul, accompagné d’un groupe assez monumental, les Monophonics. Ces Californiens sont au top niveau, c’est carré, impeccablement réalisé et d’une efficacité redoutable. Cette soirée va groover du début à la fin, et le groupe va même interpréter seul deux titres en fin de set où l’on va découvrir la voix géniale du clavier dont malheureusement je n’ai pas noté le patronyme. Ben l’Oncle Soul a de plus une facilité à embarquer le public avec lui, et même si l’on n’est pas fan absolu, on ne peut qu’entrer dans le jeu pour une excellente fin de soirée. Toute cette journée le souvenir de Johnny Winter aura accompagné artistes, organisateurs, bénévoles et spectateurs, et nul doute que son esprit planera à tout jamais au dessus du Cahors Blues Festival. Rest in Peace Johnny, Cahors t’a offert ce soir une superbe soirée d’adieu, avec en prime un très bel hommage rendu par Joanne Shaw Taylor.

Vendredi 18 juillet : cette journée est dédiée au Tremplin et au Blues dans la ville, avec en supplément cette année un concert d’une petite heure avant le mini-concours du jour, avec Mathieu Pesqué et Hansel Gonzales. Mais selon la tradition en vigueur un apéritif regroupant bénévoles, artistes, organisateurs, presse, photographes et festivaliers fidèles a eu lieu sur l’espace Bessières. Robert Mauriès reviendra bien entendu sur la disparition de Johnny Winter et présentera la philosophie de « All That Jazz », dont le but est d’organiser des concerts dans des salles de cinéma, et dont la collaboration est très efficace en matière de diffusion d’informations, teasers et autres vidéos. Un petit clin d’œil tout particulier pour Denise qui nous a concocté un petit Fénelon (vin de Cahors/vin de noix/Cassis) des familles, rebaptisé FéneBlues, et que j’espère bien retrouver l’an prochain car c’est une femme absolument adorable !

Quelle meilleure rime pourrait-on bien trouver à Apéro que Méphisto, annexe préférée des festivaliers et des musiciens, et indissociable du CBF ? D’autant que cette année notre ami Marc Loison qui vient tout juste d’être papa n’a pas eu être présent, ce qui n’a pas empêché l’assemblée de l’appeler au téléphone pour lui souhaiter un joyeux anniversaire copieux en décibels ! Et c’est donc au son de l’orgue de Barbarie de Dominique que nous nous sommes régalés une fois de plus !

Nouveauté donc cette année, mais peut-être est ce tout simplement parce qu’il ne restait que deux finalistes pour le tremplin, un concert d’une heure de Mathieu Pesqué accompagné pour l’occasion par le guitariste cubain Hansel Gonzales. On connaît l’excellent blues teinté folk de Mathieu et cette petite heure a semblé bien courte au regard de ce qu’il est capable de nous proposer. Et si Hansel Gonzales pouvait éviter de jouer assis (désolé mais j’ai beaucoup de mal avec ça) ce serait quasi parfait.

Le ciel devient menaçant sous une température toujours quasi caniculaire lorsque débute le tremplin. Deux sets d’une demi-heure chacun pour les deux formations finalistes, Les Red Medoc et Aurélien Morro Blues Band. Je n’ai pas eu l’occasion de demander pourquoi il ne restait que deux candidats, ce qui peut paraître somme toute bizarre pour un tremplin, mais il y a certainement une bonne explication. 

Toujours est-il que si les Red Medoc nous ont proposé un répertoire abouti et bien interprété, la différence s’est faite au niveau de l’énergie. Comme pour le foot la victoire est allée à ceux qui visiblement la voulaient le plus et Aurélien Morro est donc présent sur les cinq prix, avec toutefois deux résultats ex-æquo pour le prix Blues Magazine et celui du Cahors Blues Festival. Nous les retrouverons donc tous les deux l’année prochaine sur la scène du CBF. 

Nous prenons à présent la direction du café-restaurant Le Conti, avec quelques gouttes d’eau le temps de traverser la place qui nous en sépare, pour un repas musical en compagnie des Red Beans qui sont, je l’avoue bien volontiers, des musiciens que j’apprécie tout particulièrement. L’endroit est agréable et convivial et ce n’est pas un hasard si l’on a retrouvé là une bonne partie de l’équipe de sécurité du festival, l’ami Riton et un célèbre festivalier. 

Et nous nous dirigerons ensuite vers Le Palais pour finir cette soirée de nouveau avec l’excellent Aurélien Morro qui va attirer beaucoup de monde pour un concert bien plus conséquent que la demi-heure allouée pour le tremplin.

Samedi 19 juillet : La dernière journée de cette trente-troisième édition est déjà placée sous le signe de la nostalgie avec le sentiment d’avoir participé à un événement exceptionnel cette année, mais également sous celui de l’inquiétude avec une alerte aux orages violents diffusée par Météo-France, et qui va tenir l’organisation en alerte jusqu’à l’ultime seconde. Mais quoi de plus festif pour ouvrir la journée que de retrouver des habitués du festival, les Voodoo Swing et leur rockabilly virevoltant ? Une mise en bouche énergique avec ce groupe qui va de nouveau embarquer un public ravi de retrouver ces trois musiciens très démonstratifs. Avec en prime quelques belles figures de style notamment du côté de la contrebasse, le tempo est donné, cette soirée sera d’un très haut niveau !

Alors que l’on s’agite sur la scène du village pour le changement de matériel, sur le côté les trois musiciens de Pat Roberts & The Heymakers attirent beaucoup de monde pour faire quelques photos. Il faut dire que les superbes costumes de scène nous ramènent directement aux States dans les années cinquante, et que le charme et le look d’Amanda Lee ne peuvent laisser personne indifférent. Ils vont nous replonger dans une atmosphère « Elvis » prononcée, à laquelle il ne manquera qu’un peu de jeu de scène pour capter totalement notre attention. Il faut dire aussi qu’il est certainement compliqué de passer derrière les Voodoo Swing en terme d’énergie et que, peut-être, il aurait mieux valu inverser l’ordre de passage des deux formations. Une petite chose également à l’attention de l’organisation, serait-il possible d’avoir quelqu’un pour les éditions à venir, chargé de veiller à ce que les artistes qui montent sur scène le fassent en laissant leurs badges de côté ? C’est dommage d’avoir de si beaux costumes mais des badges autour du cou … et ce n’étaient pas les seuls comme cela sur les deux scènes !

C’est Naomi Shelton, accompagnée des Gospel Queens, qui va prendre possession de la scène Bessières pour un set qui va se dérouler sous les yeux d’une spectatrice particulièrement enjouée, Kathy Boyé, qui de toute évidence va énormément apprécier ce spectacle. Et elle ne va pas être la seule Kathy à se délecter de la musique de cette très grande dame qu’est Naomi Shelton. Il faut dire qu’elle a une sacrée expérience puisqu’elle a débuté le chant dans les églises de l’Alabama dans les années cinquante, et que dans la décennie suivante elle a écumé bon nombre de clubs. C’est sous la direction musicale de l’organiste non-voyant Cliff Driver que le band nous a littéralement emballés dans cette soul aux accents gospels prononcés, avec une mention toute particulière pour la batteuse du groupe particulièrement efficace. Il a peut-être manqué un peu de spontanéité dans l’interprétation globale du groupe car nous aurions sans doute souhaité quelques envolées instrumentales supplémentaires, mais quel magnifique concert et quelle magnifique dame qui mérite tout notre respect et notre admiration ! Encore un formidable moment de cette édition !

Nous y voici … le dernier concert va débuter sous un ciel qui se fait de plus en plus menaçant, mais pour le moment tout va bien, pas de bruit de tonnerre ni de pluie. Nous allons donc pouvoir apprécier sans crainte la prestation d’Otis Taylor et de ses musiciens. La première chose qui va nous sauter aux yeux est le jeu de scène spectaculaire d’Anne Harris, violoniste surdouée au charme indescriptible qui ne va cesser de nous capter durant tout le show. Otis va s’offrir une belle ballade dans le public très fourni pour cette soirée de clôture, avec la formation derrière lui pendant un petit moment d’une sorte de farandole improvisée au son de son harmonica. On va passer du blues classique à des titres à la limite du psychédélique avec des envolées de chacun des musiciens qu’Otis va mettre en valeur à tour de rôle. Quel concert fabuleux pour cette fin de festival !

Comme il est de tradition à Cahors, tous les bénévoles disponibles vont ensuite monter sur scène pour un hommage et une ovation largement méritée. Comme pour chaque festival nous ne cesserons jamais de répéter encore et encore que sans ces bénévoles il n’y a pas de spectacle possible, que la grande majorité d’entre eux ne verra que très peu des concerts et que leur motivation est très loin de ce que l’on peut entendre quelquefois de la part de mauvais coucheurs. Il faut bien entendu associer toutes les personnes qui œuvrent dans l’ombre pour que tout se passe pour le mieux, les techniciens, la sécurité et bien entendu tout le staff du Cahors Blues Festival, et une énorme bise à Denise qui est une femme formidable, et avec qui nous avons eu grand plaisir à partager un peu plus de temps que les autres années. A l’heure des premiers bilans nous pouvons d’ores et déjà affirmer que cette édition aura été marquée par des évènements de portée mondiale. L’inauguration du Mississippi Blues Trail Marker qui, rappelons-le, n’est que le deuxième en Europe et est donc un événement considérable, le dernier concert de Johnny Winter devant le gotha mondial du Blues puis sa disparition tragique quarante-huit heures plus tard, et la soirée hommage à la route du Blues, n’ayons surtout pas peur des mots, EXCEPTIONNELLE ! Rappelons que ce concert fabuleux, sous la houlette de Kathy Boyé, Dale Blade et Craig Adams, fera l’objet d’un live report tout particulier d’ici quelques jours. Et à ce sujet nous, Sylvie et Alain, tenons à adresser nos remerciements très appuyés à Kathy et Robert pour nous avoir permis de couvrir cet événement avec un accès privilégié, scène et coulisses, nous offrant ainsi des prises de vues inédites pour mieux relater cette soirée. Le temps de décrocher les photos de l’expo et l’orage est arrivé. La météo aura donc été clémente pour les festivaliers, beaucoup moins pour les techniciens qui auront donc monté et démonté sous la pluie, et dont il faut également saluer le travail pendant toute la semaine. La programmation de cette année restera incontestablement comme l’une des meilleures, l’ambiance a été formidable, et nous vous donnons rendez-vous dès maintenant pour l’édition 2015 !

Texte & photos : Fred Delforge & Alain Hiot – Photos : Sylvie Bosc - juillet 2014