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ROOTSWAY à DIOLO DI SORAGNA (Italie) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
lundi, 30 juin 2014
 

ROOTSWAY
ROOTS’N’BLUES AND FOOD FESTIVAL
PODERE LA BERTAZZA – DIOLO DI SORAGNA – PARMA (Italie)
Le 28 juin 2014 

http://rootsandblues.org/ 

Retrouver les amis de Rootsway chez eux tout juste cinq ans après ma dernière visite sur place avait de quoi me motiver, quand bien même le réveil ce matin avait sonné sur les coups de deux heures trente, avion matinal et transfert vers Milan puis Parme oblige, et même si on se retrouve régulièrement sur les festivals d’Europe avec Davide, Antonio et Ferdinando, l’idée même de remettre les pieds à « L’incroyable Rootsway Blues & Food Festival » suffisait à me garder éveillé ! Restait à franchir une sacrée épreuve quand même, parce que trouver Podere la Bertazza Diolo Di Soragna n’est pas offert à toute le monde, même avec un bon GPS … Mais une fois les populations autochtones consultées, quel n’était pas le plaisir de les retrouver tous sur leurs stands ou derrière leurs fourneaux ?

Outre un festival de blues, Rootsway est également un festival gastronomique qui, comme son nom l’indique, se déroule dans des conditions plutôt roots … Un décor champêtre dans les restes d’une ferme des bords du Po, le Mississippi Local, un parking improvisé mais suffisamment grand pour accueillir tout le monde, une queue de quelques centaines de mètres pour aller cueillir le fruit de ses envies gastronomiques du soir avec des noms comme « Poulet Blues » ou encore « Cône du Mississippi », le tout arrosé de Lambrusco, le « Coca Cola » du cru avec au moins autant de bulles mais avec beaucoup plus de raisin … Le tout dans la bonne humeur avec tout le monde qui s’interpelle et qui se congratule ! Le temps de partager le repas avec les amis de Visit USA, de Travel For Fans ou encore de Blues Made In Italy et nous voilà à pied d’œuvre pour les trois concerts de la soirée …

On commence avec les Poor Boys, un band italien qui se produit en trio avec guitare, batterie et harmonica avec un début de set assez fort mais avec un son typé Mississippi pas désagréable du tout. La technique se cale rapidement et le groupe nous sert bientôt un set des plus honorables avec des blues lents et des blues plus nerveux, des blues propres et des blues sales, le tout avec en toile de fond les moustiques du Po qui se prennent pour leurs cousins du Mississippi ! Deux belles voix, une belle guitare et un harmo pas en reste, le tout avec une batterie qui assure le tempo pour deux ... On ne s'ennuie pas un instant. Un coup de boogie en cours de route et un « Mellow Down Easy » en fin de parcours et voilà une soirée qui commence assurément bien !

Bagamojo est un combo atypique avec une guitare et une basse mais aussi et surtout avec une percussionniste qui joue sur des calebasses qui flottent dans l’eau ... From Mali to Mississippi ? Décidément les trios sont à l'honneur ce soir et si le percu, Doudou Koité, en fait parfois des kilos, ça passe plutôt bien, d'autant que la guitare et la voix très blanches regardent avec beaucoup d'intelligence et de respect vers le noir de l'Afrique ... Blues blanc du désert ou blues du Delta du Po remis en version colorée des origines africaines du genre ? La question ne cherche pas vraiment de réponse tant le jeu est massif et sincère ! Une cover de Blind Willie Johnson en cours de route, solo de guitare avec les dents ... Le courant saute et Doudou Koité continue seul pour le fun, bientôt suivi par ses deux complices aux percussions et a la batterie, le tout dans une ambiance de joyeux bordel, mais c’est pour la bonne cause ! Stefanie s’invite aux percussions et aux voix sur la fin du set et on quitte le blues afro pour aller faire un tour du côté du vaudou, crâne humain et fumée rituelle à l’appui, avant de rentrer vers la maison blues avec une relecture de Skip James et de finir en plain dans le bayou ! 

En provenance directe de Clarksdale, Mississippi, voilà Super Chickan qui débarque du Crossroads avec dans ses poches des guitares « maison » et une véritable connaissance du blues ! Le bassiste de Bagamojo et le batteur des Poor Boys pour accompagner le mouvement et c’est parti dans une démonstration de blues avec des palettes de blues sorties du camion sans trop de précaution mais avec une efficacité telle que l’on se dit que le poulet en question n’est pas prêt de se laisser prendre au piège et de passer à la casserole tant il lui reste de choses à partager ! Si le blues de Super Chickan est des plus classiques, le guitariste le joue avec ses tripes et son âme et s’offre en prime un feeling particulier au niveau du chant ! De quoi renvoyer quelques pointures faire des gammes tellement ça sonne frais et fun et tant le mec ne se prend pas le chou pour au contraire aligner les douze mesures en allant piocher dans les standards ... Des gimmicks imparables pour inonder le show avec de temps à autres un « Chickan Walk », la réponse au Duck Walk de Chuck Berry, et quelques « Cocorico » lancés à la cantonade finiront de contribuer à ce que le bon temps roule ce soir à Diolo Di Soragna comme a Clarksdale !

S’il a réduit considérablement la voilure ces dernières années, crise oblige, le Rootsway reste encore et toujours une étape majeure de la Route du Blues Européen et quand bien même le festival sort volontairement des grand lieux prestigieux que d’autres nous offrent, partager avec nos amis italiens une bonne soirée pleine de convivialité reste non seulement un moment privilégié mais aussi et surtout une des dates à sauvegarder précieusement dans nos agendas ! Et si le public transalpin répond présent avec tellement de conviction à ce genre d’invitations qui lui sont proposées, c’est sans doute que la manière de faire est bonne … 

Fred Delforge – juin 2104