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NINA VAN HORN pdf print E-mail
Ecrit par Alain Hiot  
mardi, 15 octobre 2013
 

NINA VAN HORN

http://www.ninavanhorn.com 

(Photos : Béatrice HIOT)

Quelques heures avant son concert au Pitchtime à Dourdan, show qui allait d’ailleurs se révéler assez exceptionnel (voir le report ICI), Nina a très gentiment accepté de répondre à mes questions pour faire, entre autre, un premier point sur la sortie de son dernier album en date « Seven Deadly Sins ». Puis ses musiciens, Masahiro Todani, Cédric Christophe, Antonio Martin et Denis Aigret viendront eux aussi me parler un peu de cette grande dame qui reste incontestablement l’une de mes artistes préférées.

Bonjour Nina, Les sept pêchés capitaux après les femmes du Blues ; tu te tournes à présent vers des concept-albums sur un thème précis ou n’est ce qu’une coïncidence ?
Bonjour Alain, non tous mes albums ont toujours été plus moins comme cela, avec un thème précis au départ. J’ai un peu de mal à faire une suite de chansons comme ça sans qu’il y ait un fil directeur. Et ça me permet aussi de construire un show en suivant ce fil et d’embarquer les gens là où je veux les emmener. Les sept péchés capitaux me permettent justement de parler de la société, de la planète à travers ce fil, avec quelques-uns en plus que j’ai rajoutés.

Le fait d’être dirigée par John Schiessler était confortable pour toi par rapport par exemple à une auto-production ? Et déjà comment est née cette collaboration ?
Je l’ai rencontré sur Facebook, comme quoi cela peut être utile parfois. Je vais toujours regarder qui me demande en ami, et je suis tombée complètement sous le charme de ses arrangements et en plus c’est aussi un super chanteur. De mon côté je cherchais quelqu’un, j’avais des textes et des idées de mélodies avec l’envie de concrétiser ça, et trouver un chanteur/musicien c’est forcément l’idéal pour ce projet. Le chanteur va pouvoir élaborer des lignes mélodiques plus intéressantes qu’un simple musicien qui va me donner des accords et me dire « Tiens vas-y trouve une mélodie ». Et puis j’ai adoré sa façon roots mais moderne à la fois de faire des arrangements, du coup je me suis lancée, je lui ai dit que j’avais des textes et un concept et je lui ai demandé si ça l’intéresserait de faire la musique. Il m’a dit « Ok, je t’envoie un ou deux morceaux, tu me dis si c’est la bonne direction ». Le premier titre c’était « For The Ones », et en plus au lieu de m’envoyer le truc classique guitare/voix, il avait quasiment tout fait et il restait juste à ajuster la tonalité et à faire quelques petits arrangements en complément. C’était tellement bien à chaque fois que ça a été finalement assez simple de travailler comme ça à distance, et ensuite je suis allée à Munich pour enregistrer les voix.

Tu as supervisé un peu le mix et les arrangements ou tu as vraiment laissé carte blanche à John ?
Non j’étais là pour les mix, et j’ai mis tout de même un peu mon grain de sel, mais c’est Bobby Altvater qui a fait le son et j’aimais bien qu’il soit là. C’est quelqu’un qui vient du Hard Rock et qui a une façon puissante de mettre les musiques en valeur. On s’est très bien entendu et je les ai laissés finalement beaucoup travailler.

Il n’y a eu aucun souci pour enregistrer avec tes propres musiciens ? Il n’y a pas eu de tentative pour t’imposer quelqu’un ?
Il n’y a eu aucun problème. C’était en Allemagne et donc quelquefois un peu compliqué d’emmener tous les musiciens, mais Mar par exemple a pu faire tous les solos qu’il voulait et les a envoyés ensuite par Internet car on n’est plus obligés maintenant d’être dans la même pièce pour pouvoir enregistrer un morceau. Pour moi c’était une première de travailler ainsi, et ça a été finalement assez facile, chose que je ne pensais pas au départ. Ce n’est pas vraiment la même ambiance que de répéter et d’enregistrer tous ensemble, mais ça le fait bien aussi comme ça.

Tu penses que c’est ton album le plus abouti ?
Je ne sais pas…c’est ce que l’on me dit, et en même temps c’est mon dernier et donc c’est forcément celui que j’aime le plus.

Et musicalement parlant ?
Musicalement oui, je pense qu’il y a un vrai plus car il va vraiment dans la direction où je voulais aller. Je n’avais pas toujours obtenu ce que je souhaitais auparavant. Tu vois j’ai adoré bien entendu travailler avec Phil Bonin qui a une grande culture musicale et avec qui la relation est très facile et je renie pas du tout cela, mais John apporte autre chose.

On retrouve un titre de Marten sur cet album, « Snake Eyes », sur le thème de la jalousie. Comment est né ce titre ? C’est toi qui lui a proposé ?
Oui c’est moi qui lui ai demandé. En fait quand j’ai voulu faire ce disque des sept péchés capitaux, je me suis plongée dans mes livres, ceux où je note mes idées quand elles me viennent, parce que sinon on peut facilement les oublier, et quand j’ai feuilleté les pages je me suis rendu compte que j’avais déjà huit titres écrits comme ça, et que j’avais laissés de côté pendant toutes ces années. Comme si j’avais déjà écrit cet album depuis longtemps ce qui fait drôle finalement. Mais je n’avais rien sur la jalousie, et comme je ne suis pas quelqu’un de fondamentalement jalouse ce n’était pas simple à écrire, même si je le comprends tout à fait et que je suis capable de retranscrire sur scène ce que l’on peut ressentir. J’ai donc demandé à Marten qui a une belle écriture, qui est poète, de m’écrire un texte sur la jalousie et je lui ai laissé faire également la musique en lui disant « vas-y, fais moi un titre ».

Marten justement a souhaité explorer d’autres horizons, est ce que tu peux donc me présenter ton nouveau bassiste sur scène ?
C’est Denis Aigret qui vient donc d’entrer dans le groupe, et c’est un showman ! C’est bien entendu un excellent musicien avec une bonne pulse, quelqu’un sur qui on peut se reposer parce la basse et la batterie c’est quand même l’autoroute sur laquelle tout le monde doit rouler. J’avais eu l’occasion de le voir au sein d’un tribute to The Blues Brothers qui m’avait totalement épaté par la qualité musicale et par le show qu’ils avaient mis en place. Et donc je pense qu’il va prendre toute sa place au sein du groupe.

Les musiciens n’ont pas l’air malheureux avec toi, c’est une sorte de grande famille non ?
Il faudra leur demander mais en tout cas c’est ce que j’essaie de faire et je ne pense pas que quelqu’un puisse quitter le groupe en disant que je l’ai maltraité. Je veux qu’ils soient sûrs de ne pas partir dans une galère, qu’ils soient bien payés et bien traités. Et puis j’ai toujours aimé cette notion de groupe, je n’ai jamais voulu être une simple chanteuse comme ça, peut-être parce que les années 70 sont passées par là, alors que maintenant on a plus affaire à des gens qui pensent à eux en priorité. Avec les musiciens qui sont avec moi actuellement je trouve ce sentiment de groupe, et c’est important également que l’on s’entende bien puisqu’on vient, par exemple, de faire une tournée de trois semaines en Chine et il faut des gens qui soient à la fois professionnels et aussi sachant gérer leur fatigue et leur vie personnelle. 

Revenons un peu en arrière, j’ai halluciné en me plongeant un peu dans ta bio avec tout ce que tu as pu faire jusqu’à maintenant. Tu as commencé par la danse, tu as été chanteuse lyrique, de country, puis de blues, as tu pris autant de plaisir dans tous ces styles ?
Depuis l’âge de 3 ans c’était très clair pour moi, je voulais être danseuse classique et j’ai débuté sur scène à l’âge de 14 ans ! Ensuite dans les opéras on utilise souvent les danseuses pour faire les chœurs et c’est comme ça que l’on s’est aperçu que j’avais une voix. Je devais avoir 17 ans, et on m’a demandé si je ne voulais pas la travailler. J’ai dit oui car c’était un nouveau monde pour moi, quelque chose que je ne connaissais que du côté danseuse et j’ai fait ça pendant un petit moment, avec cette voix très aiguë de Soprano Colorature. Alors ça ne s’entend plus maintenant parce que la clope et le whisky sont passés par là (rires) et puis je n’en ai plus vraiment besoin aujourd’hui. Mais au bout d’un moment je me suis profondément ennuyée, pas dans la musique mais dans le milieu. Il ne fallait pas bouger, à cette époque là les chanteuses venaient, chantaient leur air puis repartaient et ne bougeait pas du tout sur scène. Moi j’avais besoin de me déplacer en chantant et à chaque fois j’étais frustrée de me faire rependre par les metteurs en scène. J’ai donc quitté l’opéra et le hasard a voulu que je rencontre des musiciens de country, ceci dit en vivant au Texas, c’est difficile d’y échapper ! Moi je fais les choses avant tout par passion et tant que cela me plait, et à un moment la country ne m’a plus suffit parce que je trouvais que c’était trop répétitif. Et puis le fait sans doute aussi d’être partie à ce moment là à la Nouvelle Orléans où l’on entendait du Blues tout le temps a forcément changé les choses également. Je me suis toujours laissée happer par les choses qui me plaisaient, pour le moment je suis à fond dans le blues mais j’aime aussi le rock et j’aimerais bien aussi un jour faire du hard rock, ça ne me dérangerait pas du tout.

Tout reste ouvert alors ?
Oui bien sûr, le blues me donne toujours toute satisfaction et je me donne à fond dedans, mais plus je vieillis et plus je me sens rock, j’aime quand ça « patate » et c’est aussi pour ça que dans ma façon de faire le blues je suis beaucoup plus blues-rock en fait.

Tu as rencontré également énormément de monde et côtoyé les plus grands artistes. En dehors de Misha bien entendu, quelle rencontre t’a la plus marquée et laquelle a été la plus importante pour ta carrière, puisque ce ne sont pas forcément les mêmes ?
Je dirais Dan Aykroyd parce que c’est lui qui m’a ouvert les yeux. A l’époque où je chantais de la country on faisait beaucoup de rallyes Harley, c’est là que j’ai rencontré Dan qui roulait aussi là-dessus et qui m’a dit « Tu devrais aller vers le blues… ». Parce que je chantais de la country mais pas comme les chanteuses traditionnelles et donc, encore une fois, je n’étais pas vraiment à ma place. Donc oui je dirais Dan parce que c’est vraiment cette conversation qui m’a fait réfléchir, et à la suite de quoi je me suis dit « Pourquoi pas ! ». Et puis bien entendu Bette Midler, je reviens toujours sur elle car c’est quelqu’un avec qui j’ai eu la chance de tourner, et qu’elle est l’artiste que je voudrais être ! C’est aussi une ancienne danseuse et quand je l’ai vue je me suis dit « Voilà c’est ce que je veux être », c’est à dire quelqu’un qui sait à la fois chanter, danser sur scène, parler aux gens, une artiste complète et d’une générosité incroyable. Quelqu’un qui n’a pas la grosse tête, qui va s’arrêter pour aller signer des autographes, une simplicité, une grandeur et bien sûr une voix exceptionnelle aussi. Alors bien sûr quand on parle du blues on ne va pas forcément citer Bette Midler comme référence, et pourtant quand elle chante le blues, comme dans « The Rose », c’est fabuleux.

Justement, je suis entrain de me dire que les deux personnes que tu cites sont pour moi issues des deux plus grands monuments en terme de films musicaux que sont les Blues Brothers et The Rose…
Oui j’ajouterais aussi « Crossroad » côté musique, pour Bette quand j’ai tourné avec elle c’était justement tout de suite après « The Rose » et je l’ai vue chanter ça tous les soirs et c’était extraordinaire. Elle vivait ses chansons comme dans le film, c’est quelqu’un qui ne triche pas et si vraiment j’ai appris quelque chose c’est avec elle, c’est évident !

Un titre de cet album revient sur toute une partie de ta vie « Secret Swimming Pool » et pour lequel tu as même fait une vidéo. Tu ressentais le besoin de te livrer un peu ? C’est une sorte de thérapie ?
Oui si l’on veut… au départ ce morceau n’a pas trop sa place dans les sept péchés capitaux mais du coup j’avais aussi envie de parler des miens parce que je n’ai pas eu non plus une vie toute rose, et plus particulièrement ma période d’enfance au Texas. Donc je me suis dit que je pouvais le mettre et que j’arrivais à un âge où je peux parler de tout plus sereinement, des choses qui font mal, et de dire aux gens « Regardez moi, je ne suis pas tout à fait la personne que vous pensez que je suis… ».

Vu mon Anglais de collège très moyen tu m’as très gentiment traduit les textes de cet album, et je me suis aperçu qu’il y avait dans bon nombre de titres des propos très sérieux, où te désoles beaucoup de ce qui peut éloigner les gens les uns des autres. Tu es désabusée sur ce sujet ou est ce que finalement tu restes optimiste sur le fait de remettre un peu d’humain un jour dans tout cela ?
J’espère, oui j’espère ! Je crois quand même encore un peu en l’humanité, mais c’est vrai que lorsque l’on écoute les news ou qu’on ouvre son journal on a peu de raisons d’y croire vraiment. Mais c’est peut-être aussi pour ça que je fais ce métier et que j’ai eu envie de chanter cela et de tenter de rallier les gens à de meilleurs sentiments, même si ça peut paraître un peu prétentieux, mais moi qui voyage beaucoup je vois partout le même mépris pour les gens et c’est ce qui me désole le plus. D’une façon générale tous les dirigeants de ce monde ont ce même mépris pour leur peuple, les personnes qui viennent me voir ont souvent des difficultés à joindre les 2 bouts et c’est aussi pour ça que j’aime faire des petites salles. Les gens n’ont pas forcément la possibilité de mettre 30 ou 40 euros dans un billet. Et plus je voyage et plus je suis désolée de ce que je vois partout, mais j’ai quand même fait chanter « Let’s Kill The War » aux Chinois et ça m’a bien fait plaisir.

Tu as réussi à les faire bouger un peu ? parce que public Chinois est réputé assez calme, assez froid…
Je m’attendais un peu à ça effectivement et puis en fait pas du tout ! Parce qu’en Chine aussi, ce qui vient à présent dans les concerts c’est la jeunesse, et ça c’est une grande nouveauté parce qu’il faut bien reconnaître qu’en général dans les concerts de jazz ou de blues on a normalement une population beaucoup plus âgée. En Chine on a quasiment que des jeunes, qui sont pourtant équipés de tablettes d’iPhone et de trucs comme ça, mais on a joué dans des clubs qui se transformaient ensuite en discothèque, et on entend exactement les mêmes musiques qu’ici. Et pourtant ils viennent aussi dans les concerts !

Ils ont peut-être besoin de se lâcher aussi justement, compte-tenu de leur histoire non ?
Oui absolument ! Ils ont tellement été brimés que finalement ils sont ouverts à tous types de musique et ils sont enthousiastes pour tout. On a un peu l’impression d’écrire sur une page blanche là-bas parce qu’ils n’ont aucune idée de ce que peut être le Blues. Il y a des musiciens qui sont venus voir Mar pour lui demander les suites d’accords de blues parce qu’ils n’ont aucune idée de ce que c’est, et pourtant ils sont enthousiastes à mort ! C’est aussi pour ça que c’était une tournée fatigante, on jouait tous les soirs avec des trains et des avions entre deux, mais on savait qu’on avait ce public là à chaque fois et ça t’oblige forcément à avoir la patate et à envoyer le boulet !

Justement, tu fais beaucoup de tournées à l’étranger où tu es particulièrement appréciée et reconnue. Comment expliques tu que le public français ne te fasse pas la place que tu mérites, comme d’ailleurs la majorité des artistes qui galérent, alors qu’on nous sert de la soupe à longueur d’émissions TV, ou que tu as des Madonna qui viennent te piquer des centaines d’Euros pour 45 minutes ?
Déjà la première chose, c’est que nul n’est prophète en son pays et ça se vérifie tous les jours. Il y a peu de temps je discutais avec Big Mama Montse qui rencontre le même problème en Espagne, alors qu’elle est pourtant une sorte de monument espagnol, et qui me disait qu’elle avait beaucoup de mal à travailler là-bas. C’est pareil pour moi, si je ne devais compter que sur les festivals ou les lieux en France peut-être que j’aurais déjà arrêté ce métier aujourd’hui. On sait tous qu’en plus le blues n’a pas sa place dans les télévisions et autres médias, que si l’on arrive à passer quelqu’un ce seront des Américains en priorité ! Et en France c’est un peu ça le problème, il faut être Américain pour faire du blues. En revanche quand j’ai envoyé mon matériel en Chine, j’étais tête d’affiche des festivals alors que tu penses bien qu’ils ne savaient pas qui j’étais au départ. Et c’est la même chose dans plein d’autres pays où ils ne se posent même pas la question de savoir si je dois passer ou pas en tête d’affiche. Ici on va plutôt me faire passer en première partie et ensuite on vient me voir en me disant « C’est super, c’est comme si on avait eu deux deuxièmes parties » ! C’est ça le paradoxe. Ceci dit, heureusement il y a une grosse scène blues malgré tout en France, il y a tout de même des festivals qui lui donnent sa place avec des médias, des journalistes, des photographes qui font qu’il y a tout de même une visibilité. Mais si vous n’étiez pas là il n’y en aurait pas du tout.

Peut-être que le blues continue aussi à pâtir de cette image de musique triste du noir qui pleure sur sa guitare ?
Oui bien entendu, et c’est aussi pour ça que dans mes CD j’essaie de véhiculer un concept et de démontrer qu’on peut parler de choses graves ou de choses légères, mais aussi qu’il y a de la joie et du plaisir dans cette musique et que ce n’est pas seulement « J’me suis réveillé ce matin et ma femme était partie… ».

On va te retrouver en radio encore cette saison pour « Nina On The Rocks » et « Bring Your Ass » ?
« Nina On The Rocks » continue mais il faut que je trouve une nouvelle formule. Pour le moment je rediffuse les anciennes émissions parce que je suis un peu arrivée au bout du bout. C’est à dire que je m’intéresse aux artistes plus anciennes et là on arrive sur des chanteuses qui sont encore vivantes, or on a beaucoup moins de choses à dire parce que tu n’as que les versions officielles, alors que lorsqu’une artiste est partie on a beaucoup plus d’images vraies qui sont disponibles. Donc peut-être que je vais continuer en parlant des hommes, je ne sais pas encore. Et « Bring Your Ass » oui bien entendu, on a envie de donner une vraie chance justement aux artistes français de venir parler d’eux pendant une heure, il n’y a pas beaucoup d’endroits où l’on peut parler de soi comme ça et jouer live dans la foulée. Et puis cette péniche est un lieu très agréable où il faut faire perdurer cette idée de donner la parole à des artistes Français, c’était le but au départ.

En revanche je trouve que ça manque un peu de publicité faite autour de cette émission…
Oui c’est vrai, mais c’est aussi le responsable de la péniche qui n’est pas très branché là-dessus et c’est aussi à nous de faire le nécessaire pour se bouger peut-être un peu plus. Là on cherche des sponsors parce que le nerf de la guerre c’est quand même l’argent et pour le moment tout est fait bénévolement avec nos propres moyens et ce serait bien d’être un peu aidé là-dessus.

Et bien voilà, de mon côté j’en ai terminé, et avant de faire venir tes musiciens pour leur poser une ou deux questions, je voulais juste dire que pour moi cet album est absolument indispensable …
Merci c’est super gentil mais tu sais je suis très fière de cet album, on le porte bien, ça fait un joli show, les gens sont partout intéressés à travers ce que je peux raconter dans mes chansons. J’espère que ça les fait réfléchir un peu aussi parfois sur l’état de notre planète, sur ce que l’on pourrait faire ou ne pas faire. On sera aussi le 3 décembre au New Morning. On va venir faire la fête à Paris où l’on va partager l’affiche avec quelqu’un que j’aime beaucoup, Lou Demontis, et on s’est dit qu’on allait se faire une association de malfaiteurs…

Ah Yes !! Mais dis moi c’était en projet depuis un moment ça non ?
Oui et ça y’est, c’est concrétisé, et donc Lou va venir et il va nous présenter également son frère, Alain Abad, qui est Corse et qui chante du rock. Je pense qu’à eux deux ils vont faire bouger toute la communauté Corse de Paris, et il y a FR3 qui doit venir également et on va essayer de faire un bel événement autour de ça.

Je vais chercher tes musiciens ?
Allez…

Donc voilà, on va faire assez rapide, juste une petite question à chacun en commençant par le « petit nouveau », Denis Aigret : tu arrives dans une nouvelle formation, comment vis tu le fait de succéder à un monument comme Marten Ingle ?
Denis
: Je le vis très bien parce que j’ai toujours aimé jouer le blues et le rock&roll, et je suis donc ravi de prendre la suite même si la barre est placée haut.

Et ça va, Nina ne t’a pas encore trop martyrisé ? Elle ne t’a pas encore mis la jambe sur l’épaule quand tu joues ? (rires)
Denis
: Non pas encore, mais ça ne me dérange pas, si c’est martyrisé pour le jeu de scène il n’y a pas de problème.

Parce qu’il y en a 2 autres qui souffrent régulièrement…
Cédric
: Moi ça va, c’est surtout le piano qui prend…

Mar, je suis toujours admiratif de ta façon de toujours renouveler tes solos sur un morceau, on n’a jamais deux fois la même chose, est ce que sur le disque tu as eu la même liberté d’improviser ou est ce que tu avais une ligne directrice bien précise ?
Mar
: J’avais des endroits bien précis qui étaient prévus là où je devais faire mes solos, et puis j’ai aussi proposé de rajouter des choses entre ces endroits là, mais j’avais en général des solos bien délimités. Mais dans ces limites j’ai fait ce que je voulais, c’était « ad lib ». Je commençais à chercher et j’ai construit comme ça ce que je devais faire. Mais en concert c’est différent bien sûr… ça va mon Français ? (Rires)

Oui pas de soucis, ton Français sera toujours mieux que mon Anglais, et si tu veux je peux essayer de te poser la question en Anglais, mais je pense que tu vas beaucoup rire…

Cédric et Antonio, je disais à Nina tout à l’heure qu’il se dégage quelque chose de très familial dans ce groupe, c’est aussi votre sentiment et qu’est ce que Nina vous apporte musicalement ?
Cédric
: C’est surtout une question de personnalité de Nina. Elle dit souvent que je suis le plus jeune du groupe quand elle me présente, et je ne le dis pas au micro mais c’est presque notre mère à tous. Ce n’est pas une question d’âge, c’est une attitude, quand on lui parle elle écoute vraiment ce que l’on dit et du coup il y a forcément une ambiance qui va bien dans le groupe. Et puis sur ce qu’elle nous apporte musicalement je dirais 
que c’est aussi nous qui lui apportons quelque chose à présent. Elle nous donne des directions dans la mesure où elle est à-même de les exprimer, c’est à dire par forcément comme un musicien le ferait mais avec ses mots. Et nous on essaie de faire en sorte que ce soit bien pour la cohésion de la formation, puisque le but dans un groupe c’est d’être chacun au service d’une cohérence musicale globale
Antonio : Oui musicalement on est assez libres, Nina va me dire qu’à un endroit elle aimerait peut-être quelque chose de plus pêchu, mais elle n’intervient jamais sur mon style de jeu.
Nina : Je les laisse s’exprimer comme ils le veulent dans la mesure où le tout a une vraie cohérence et colle avec la signification du morceau, si c’est un titre hargneux ou lent, et c’est bien aussi qu’ils expriment leur ressenti du morceau à travers leur façon de jouer.
Antonio : De toute façon si ça ne lui convient pas ça tombe (rires)…en ce qui concerne la notion de famille, effectivement lorsqu’on part en tournée et qu’il y a des jours où l’on ne joue pas, il n’y a aucun soucis parce qu’on s’entend tous bien. On est une vraie bande de potes et une fois le concert fini on ne va pas chacun vivre sa vie de son côté dans nos chambres.
Cédric : Et si quelqu’un propose quelque chose et qu’il y en a un qui n’en a pas envie on ne va pas aller dire des trucs du style « t’es chiant » ou autre, et quand on se retrouve ensemble il y a quelque chose qui va bien, qui va vers le positif, il y a un bon état d’esprit et personne ne va aller chercher d’embrouilles.
Antonio : Voilà, ce n’est pas du tout « la star et son orchestre », on est un vrai groupe, on a absolument pas le sentiment d’être les employés comme ça peut être quelquefois le cas dans certaines formations.

Et bien merci à tous et excellent concert pour ce soir
Merci à toi.

Propos recueillis par Alain Hiot – octobre 2013