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NINA VAN HORN à DOURDAN (91) pdf print E-mail
Ecrit par Alain Hiot  
dimanche, 13 octobre 2013
 

NINA VAN HORN 
LE PITCHTIME – DOURDAN (91)
Le 5 octobre 2013 

http://www.ninavanhorn.com/ 
http://www.pitchtime-culturevent.com/ 

Retrouvez toutes les photos d’Alain Hiot sur http://www.flickr.com/photos/yoyo95280/sets/ 

Remerciements : Alain Sabbatier, Narbé, Nina, Mar, Antonio, Cédric et Denis.

Nouvelle soirée de folie au Pitchtime avec la venue de Nina Van Horn qui allait nous présenter pour l’occasion les nouveaux titres extraits de son dernier album, « Seven Deadly Sins ». Et s’il y a bien un de ces sept péchés capitaux que Nina ne connaît pas, c’est la paresse ! Lorsque l’on voit sa générosité et l’énergie qu’elle peut déployer sur scène, il y a de quoi rester admiratif. En prélude à ce concert j’ai également réalisé l’interview de Nina et de ses musiciens qui sera en ligne dans quelques jours, le temps de retranscrire tout cela sur papier.

La nouveauté du soir était bien entendu les débuts de Denis Aigret avec le groupe. Il succède ainsi à Marten Ingle désireux de se pencher un peu plus sur sa propre carrière et de prendre un virage un peu plus jazz. Prendre la suite d’un tel monument n’est pas à priori une mince affaire, mais Denis va de suite « rentrer dedans » en effectuant la présentation de Nina avant son entrée sur scène, comme le faisait justement Marten avant lui. On peut d’ores et déjà dire que ce premier show est une vraie réussite, et si j’en crois les commentaires avisés de personnes le connaissant très bien, le sieur Denis devrait nous réserver quelques belles surprises sur scène par la suite. On a d’ailleurs pu, malgré la réserve légitime d’une première, déceler un vrai showman avec une déjà très belle présence.

Mais entrons dans le vif du sujet, Nina va attaquer fort avec « A Hand Shake, A Pencil And A Smile », réquisitoire prononcé contre les banquiers en général et l’avarice en particulier. Après avoir encore un peu plus planté le décor avec « Seven Deadly Sins », on va attaquer la paresse avec « Money Honey », une histoire de jeune fille désireuse de se trouver le type parfait, c’est à dire bourré de Dollars. Nous n’en sommes alors qu’au troisième titre et une chose devient déjà évidente, c’est l’importance prise par les claviers de Cédric Christophe. L’ayant vu arriver au sein de ce groupe plein de timidité et de retenue, je me rends compte, en particulier avec ce nouveau répertoire, de l’envergure prise par le jeune homme de la bande. Il est aujourd’hui devenu indispensable à l’équilibre des titres et l’on ne va certainement pas s’en plaindre.

Tiens, voici venir deux péchés qui ne sont pas sur la liste officielle mais qui pourtant nous concernent tous les jours, à commencer par l’indifférence. Celle-ci se rencontre notamment au coin des rues lorsque nous passons tous et toutes devant des SDF, et ce n’est certainement pas un hasard si après ce « Bum Man » Nina va enchaîner avec la misère et le sublime « Streets Of Bangalore », où Masahiro « Mar » Todani va se déchaîner comme il sait si bien le faire pour nous accrocher au manche de sa six cordes, et ne plus nous lâcher jusqu’à la fin de ce show. A chaque entame de titre, Nina nous décrit le thème et la genèse de celui-ci. Peu d’artistes prennent la peine de présenter au public le contenu de leurs chansons et l’on peut constater ainsi que les textes ne sont pas de simples enfilages de perles, mais qu’il y a un vrai message dans chacun d’eux, à l’image de ce que peuvent faire également les Shaggy Dogs.

Il est l’heure à présent d’une petite prière destinée à tous les pécheurs, y compris les pires, vous savez les supers héros vachement courageux qui frappent leur femme sans doute parce que c’est plus facile que de taper sur son voisin qui fait 90 kilos ! « For The Ones » nous parle donc de tout cela sur fond de gospel et d’orgue de Cédric. On va ensuite revenir un peu en arrière avec les femmes du blues, en commençant par Koko Taylor et « Voodoo Woman » puis Bessie Smith et le fameux « Me And My Gin » sur lequel Mar va de nouveau nous embarquer pour des solos, n’ayant pas peur des mots, monstrueux !

Un détour inattendu par un titre de Bruce Willis, et oui lui aussi peut faire d’excellents morceaux de blues, intitulé « Here Comes Trouble Again », puis direction le fils du prêcheur qui a visiblement marqué Nina, « Son Of a Preacher Man », et nous allons finir ce premier set par la colère avec un titre qu’il est presque inutile de décrire tant il est explicite, « Tuons la guerre » … « Let’s Kill The War » ! Nina va nous faire part de son extrême satisfaction d’avoir fait chanter ce refrain au public lors de sa tournée en Chine avant de le faire reprendre également, comme il se doit, par l’assistance du Pitchtime, bien garni pour l’occasion.

Après une petite pause bien méritée, et Nina en ayant profité pour changer de tenue, tout ce joli monde va revenir sur scène pour un titre plutôt bien balancé, « Don’t Put Your Hand On Me » de Koko Taylor, avant de revenir au fil conducteur de l’album avec la tentation et « Dangerous State Of Mind ». Et en réponse à la question posée par Nina : « qui n’a jamais été tenté ?», on remarquera un grand nombre de menteurs et de menteuses, dont moi bien entendu, dans la salle mais, le mensonge ne faisant pas partie de ce CD ce n’est pas bien grave …

Spéciale dédicace à Mar Todani avec le titre suivant où il va faire valoir, une nouvelle fois, tout son talent et faire pleurer la SG, « Muddy Waters Blues », qui va bien entendu déclencher une salve d’applaudissements. Puis on va replonger quelques années en arrière avec « Secret Swimming Pool », le titre le plus personnel de l’album dans lequel Nina livre quelques-uns de ses souvenirs sur sa jeunesse au Texas, et si l’on en croit les petits écarts de voix sur quelques passages, l’émotion remontant de ces évocations est rigoureusement intacte après toutes ces années.

Deux nouveaux péchés sont ensuite au programme, la luxure et la jalousie. « The Seeker » dénonce le tourisme sexuel et la pédophilie, sans aucun doute la pire saloperie qui puisse exister en ce bas monde ! On notera la sacrée performance de Cédric sur le monologue du pervers, avec la confirmation par Nina que c’est bien sûr un rôle de composition, ce dont bien entendu personne ne doutait. Côté jalousie on va trouver le seul titre de l’album n’ayant pas été écrit par Nina et composé par John Schiessler, le bijou de Marten Ingle, «Snake Eyes ». Un titre envoûtant qui va faire forte impression sur le public du Pitchtime.

Le temps d’un « Stagger Lee » dont la seconde partie va être menée à un train d’enfer, et un nouveau détour du côté des femmes du Blues et de Rosetta Tharpe avec « This Train », et l’on se retrouve en Louisiane avec un titre co-écrit avec Neal Black et évoquant l’ouragan Katrina, « Good Bye New Orleans », avec la descente de Mar Todani dans le public pour un nouveau déluge de solos fantastiques ! Quel titre ! Mais quel titre !!

Le « mec » de Nina ne pouvait pas non plus être absent de cette soirée et voici donc en guise de clap de fin de set le traditionnel « He’s My Man », dont le rythme infernal va permettre aux musiciens d’exprimer tout leur talent, puis à Nina de les présenter de façon plus personnelle comme elle a l’habitude de le faire. Chacun d’entre eux va y aller de son solo, avec une mention particulière à Tonio « El Toro » sur cet exercice, et au « petit nouveau », Denis Aigret, qui a sacrément assuré sa première, et certainement pas sa dernière, prestation avec Nina.

Deux titres en rappel « God Dont Like It » et « Further Up On The Road », sur lequel Narbé va apporter sa contribution à la soirée à l’invitation de Nina, vont donc conclure deux heures trente du spectacle haut de gamme d’une artiste dont la générosité sur scène n’a d’égal que sa gentillesse en dehors de celle-ci. Une très grande dame à laquelle je suis particulièrement attaché et qui va terminer sous les acclamations du public présent, avec une standing ovation plus que méritée. Merci Nina d’exister, de nous offrir ton talent et ton énergie, de nous rappeler à travers tes textes qu’un peu plus d’humanité ne nuirait à personne, bien au contraire, d’avoir rassemblé ces musiciens magnifiques autour de toi, et je te donne rendez-vous au New Morning le 3 décembre. Un concert auquel je convie tout le monde car la scène sera également occupée par un autre sacré grand bonhomme, Lou Demontis, qui nous fera découvrir son frère, Alain Abad, à cette occasion. Une putain de bonne soirée en perspective qu’il ne faudra manquer sous aucun prétexte !

Texte & Photos : Alain Hiot – octobre 2013