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ELIZABETH SHEPHERD pdf print E-mail
Ecrit par Yann Charles  
mercredi, 29 mai 2013
 

ELIZABETH SHEPHERD

http://elizabethshepherd.com/  

Remerciements : Elizabeth Shepherd, Lionel Aknine.

Elizabeth Shepherd est une artiste canadienne de jazz, trois fois nominée aux Juno canadiens, l'équivalent de nos Victoires de la Musique ou des Grammy Awards, dans la catégorie « Vocal Jazz ». Musicienne, chanteuse, pianiste, elle était en France pour présenter son dernier album, « Rewind ». L'occasion pour nous pour faire plus ample connaissance avec cette artiste.

Bonjour Elizabeth, pouvez-vous vous présenter pour nos lecteurs ?
Bonjour, je m'appelle Elizabeth Shepherd, je suis Canadienne, anglophone, mais j'ai grandi en France. Je suis musicienne de jazz, mais plus soul Jazz avec un peu de funk et de pop, compositeur, interprète, pianiste, chanteuse et maman.

En France, on aime bien classer les gens et les genres, vous êtes plutôt jazz, mais vous faites aussi de la soul, du hip hop …
On n’aime pas vraiment se classer car ce n’est jamais simple. Mais en même temps, je comprends ce besoin. Donc je préfère le faire moi même plutôt que l'on dise des bêtises. Donc oui, je vais dire jazz soul et hip hop.

Vous avez grandi dans une famille de musiciens, mais aussi un peu nomade, donc forcément vous ne pouviez que devenir artiste … Vous avez toujours voulu être musicienne ?
Oui, mais ce n'est pas aussi évident que ça. Il faut dire que mes parents étaient pasteurs à l'Armée du Salut, donc religieux, et la musique, au départ, c'était surtout l'aspect spirituel, le côté religieux. Ce n'était pas permis de faire de la musique pour soi, en dehors de l'Eglise. Donc ils n'étaient pas vraiment musiciens comme on l'entend. C'était vraiment des musiciens uniquement pour l'Eglise. Alors quand j'ai dit à mon papa que je voulais faire de la musique en professionnelle, j'avais 15 ans, il m'a dit "Ah non, pas question". Je pense que c'était plus le père inquiet qui ne voulait pas voir sa fille faire sa vie en tant qu'artiste, car c'est une vie difficile, et il n'y en a pas beaucoup qui réussissent vraiment. Bon maintenant ça va mieux, mais ça prend du temps. Mais je savais au fond de moi que j'ai toujours voulu faire ce métier. Donc je me suis embarquée dans la poésie française à l'université, pour faire quand même quelques choses dans les arts. Puis mes parents sont repartis pour la France, à Courbevoie, et moi je suis restée à Montréal. Donc avec les parents loin de moi, je me suis dit, c'est le moment de retourner vers la musique. Et je suis allé vers la musicothérapie. Comme ça, cela me permettait d'être dans la musique mais de faire quelques choses pour aider aussi les gens, et puis vis à vis de mon père, cela passerait beaucoup mieux. Mais bon, il n'y avait pas à ce moment là de programme d'enseignement dans cette voie. Donc finalement, petit à petit je me suis tourné vers ma vraie passion qui est d'écrire la musique et de l'interpréter. 

Pourquoi le Jazz ?
Tout simplement car il n'y avait que « Classique » et « Jazz » à l'université où j'étais. Donc au tout début, j'ai commencé par le classique. J'ai fait deux ans de piano classique. Mais je me suis vite rendu compte que je n'irais pas loin dans cette voie. Il faut vraiment être le ou la meilleure. Il n'y a pas beaucoup d'élus. Et puis en même temps, je trouvais ça un peu coincé. Et en fait je voulais quelque chose où je pourrais plus m'exprimer. Donc à partir de là je me suis orientée vers le jazz, qui est beaucoup plus ouvert pour la création.

Vous êtes autant Française que Canadienne puisque vous êtes venue en France étudier la poésie …
En fait j'adore la littérature, et en particulier la poésie, car tout ce qui est dit ou écrit est suggéré ou insinué. C'est un peu comme pour la musique. On ressent des émotions, mais on ne peut jamais vraiment dire pourquoi on ressent tel ou tel sentiment. C'est symbolique. Et c'est ça que j'adore !

Jusqu'ici vous aviez composé toutes les chansons de vos albums, pourtant sur votre dernier opus, « Rewind », vous n’interprétez que des reprises … Pourquoi ?
Il fallait (Rires). C'était le bon moment pour faire ça. La raison pratique c'est qu'en fait j'étais enceinte de quatre mois quand j'ai terminé la tournée de l'avant dernier album, et donc je me suis rendu compte que dans cinq mois j'allais être maman. Et il fallait que je fasse quelque chose pour moi pendant ces cinq mois. Sinon après tu deviens maman, et pendant deux ans on n'entend plus parler de toi, on se dit "tiens, qu'est ce qu'elle est devenue Elizabeth Shepherd ?". "Elle est devenue maman". Et là Ok, fin de l'histoire … Mais en cinq mois, impossible de faire un album de compositions originales avec des arrangements, des paroles, tout répéter, tout travailler et retravailler, enregistrer, bref je me suis dit que c'était le bon moment pour faire un album de reprises histoire de rester sur le devant de la scène.

Vous avez eu trois nominations aux prix Juno, dont la dernière en 2013, ce serait l'équivalent français des Victoires de la Musique Jazz ?
Cela correspondrait plus aux Grammy. Je ne sais pas si c'est la même chose en France, mais je crois que oui, c'est ça !

Oui, en France c'est les Victoires de la Musique.
C'est super comme titre, j'aime bien! 

Donc la dernière fois, en 2013, c'est valorisant, vous devez être très contente ?
Oui, c'est toujours le cas. Et la troisième fois, on sait comment ça se déroule, on sait que c'est une grosse fête qui réunit tous les amis musiciens. Oui, c'est valorisant.

Pour la dernière fois, c'était juste la voix, une nomination « Vocal Jazz ».
Non, à chaque fois ça a été pour la voix ! C'est mon truc. (Rires)

Sur votre album il y a une reprise de Brassens, « Les Amoureux des bancs publics », c'est pour charmer le public français ? 
Non, c'est parce que j'adore cette chanson et Georges Brassens, qui est un génie de la parole. Mais non, ce n'est pas pour charmer. Charmer cela ferait calculé. Ce n'est pas du tout calculé. C'est juste vouloir faire quelques choses en Français car je ne l'avais jamais fait auparavant. C'était aussi pour dire que je suis francophone et que j'ai quand même une partie de mon identité qui est francophile.

« Pourquoi tu vis » est une adaptation de « Porque te vas » … Vous aimez réorchestrer ou réarranger des chansons ?
Oui, j'adore ça ! D'ailleurs, quand on fait des reprises, c'est la seule façon de se différencier des autres interprétations. C'est ça qui est le plus important dans le fond. C'est mettre sa marque.

Vous préférez jouer en band ou juste en acoustique toute seule ?
J'aime beaucoup les deux. Cela dépend des circonstances, de la salle, des gens, si c'est un public attentif ou qui est là pour bouger ou pour faire la fête. Pour cet album ce sera probablement en trio. J'aime bien en solo, mais c'est plus difficile. Car c'est entièrement à moi de garder l'énergie, de tout donner. En trio, à un moment donné, chacun peut donner un petit peu plus, c'est plus facile de répartir l'énergie.

En plus avec le Jazz, vous pouvez aller plus vers l'improvisation …
Exactement. En trio, c'est beaucoup plus facile pour l'improvisation. Improviser en solo, ça peut se faire, mais faut avoir les idées et ce n'est pas évident.

Quelles sont vos influences musicales ? Ou vos références ?
Oh, il y en a beaucoup et elles sont très variées. En fait j'écoute toute sorte de musiques. J'écoute très peu de jazz par exemple. Actuellement, j'aime bien tout ce nouveau mouvement jazz, trip hop, hip hop, qui vient des Etats Unis. Ca donne un nouveau souffle au jazz. Ca le rend à nouveau accessible. 

Vous travaillez sur un nouvel album … Vous revenez aux compositions ?
Oui. Justement là je termine le nouvel album. Je retourne au Canada pour justement finaliser ce nouveau projet qui devrait sortir en 2014.

La pochette de votre dernier album rappelle un peu les images des films italiens ou français des années 60-70, genre Super 8, vous auriez aimé vivre cette période "Dolce Vita", les caveaux de jazz, etc.?
Ah oui, tout à fait ! Je pense qu'il y avait une grande appréciation de l'esthétique, du style. Des choses valorisées qui le sont peut-être un peu moins maintenant. Et puis pour les femmes, c'était une période où tout a changé, tout a évolué très vite. Tandis que maintenant, toute cette liberté, cette insouciance, cela s'arrête. On devrait repartir vers cette époque, où plutôt vers l'esprit de cette époque.

Qu'est qu'on peut vous souhaiter ? Pour vous et pour l'album ...
L'équilibre. Trouver le bon équilibre entre la vie de musicienne et la vie de maman.

Et la dernière question qui n'a rien à voir avec le reste, quel est le dernier album que vous avez écouté ?
Le mien, enfin celui qui va sortir !! 

Propos recueillis par Yann Charles – mai 2013