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JOHNNY WINTER à BASEL (CH) pdf print E-mail
Ecrit par Cathie Wetzstein  
jeudi, 20 décembre 2012
 

JOHNNY WINTER & BAND 
LE METRO by GRAND CASINO DE BALE – BASEL (CH)
Le 14 novembre 2012

http://www.johnnywinter.net/ 
http://www.grandcasinobasel.com/ 

A concert exceptionnel, lieu exceptionnel. Ni roulette, ni blackjack, encore moins le bandit-manchot, je m'abstiendrai ce soir de faire sauter la banque, mais pas de faire péter les pixels !!! Le Métro, salle de concert du Grand Casino de Bâle, accueille ce soir Johnny Winter. Je ne peux décemment pas rater cet évènement, bravant le froid et le brouillard. J'en profite pour remercier tout particulièrement Nikos Bühler, du Grand Casino de Bâle, pour sa gentillesse et sa réactivité face à ma demande -très- tardive d'accréditation. Pénétrer dans le Casino n'est pas chose aisée, les contrôles sont draconiens, surtout lorsque l'on trimbale tout un attirail photographique. Ca y est, je suis dans l'antre du corbeau blanc, avec quelques minutes de retard. La salle est pleine, je n'en attendais pas moins. Un petit slalom à travers la foule et je me poste devant la scène où Johnny Winter et son band sont déjà à pied d'œuvre avec « Hideaway » de Freddie King. Wowv… je me retrouve à quelques centimètres de ce monstre sacré du blues, et je peux vous assurer que ça a de quoi impressionner. 

A partir de ce moment-là, fi de tout ce que j'ai pu entendre sur les capacités musicales amoindries du maestro. Face à cette légende vivante qui me plonge dans un passé que je n'ai connu qu'à travers des images évocatrices d'un Woodstock d'anthologie, je me laisse embarquer sans résistance dans un voyage en compagnie des plus grands noms du blues et du rock. Un voyage d'une heure trente pendant lesquelles le Texan blanc au cœur noir nous lazérise à grands coups de sa minuscule Erlewine.

Soutenu efficacement par la frappe rock de Vito Liuzzi, par le groove de la basse de Scott Spray et la rythmique de Paul Nelson, Johnny ne s'en laisse pas compter. Comme un pied de nez à tous ceux qui le disent fini, il enchaine les morceaux, nous submerge de phrasés énergiques, de solos époustouflants. Son jeu explosif allie puissance et raffinement. Ses doigts aériens courent sur les cordes avec toujours autant de virtuosité et de feeling, faisant jaillir des notes agressives. Il incarne à lui seul le blues dans toute sa splendeur et sa noirceur, il le transpire à grosses gouttes et met toute son âme dans son jeu. Malgré le poids des années et manifestement diminué physiquement, il me parait en forme. Ses envolées guitaristiques ne sont certes plus aussi phénoménales, ses doigts ne sont plus aussi agiles et ses soli moins précis, mais le feu brûle toujours en lui et il joue et chante le blues comme personne. 

Assis sur le devant de la scène, la présence de Johnny Winter suffit à emplir la salle d'une aura particulière. Il y règne une atmosphère chargée d'un profond respect, le public vibre sous les riffs du plus blanc des bluesmen. La set-list constituée exclusivement de reprises est dans la continuité de son dernier album, « Roots », nous proposant des rencontres blues, blues/rock, R'n'B et rock (Chuck Berry, Sonny Boy Williamson, Ray Charles, Larry Williams, Robert Johnson, les Rolling Stones, …). « It's all over now » clos ce chapitre pour lequel Johnny va se lever de sa chaise, interprétant l'intégralité du morceau debout, comme pour rendre hommage au public. Celui-ci, assis dans sa grande majorité tout au long du set, se lève comme un seul homme et lui réserve une véritable ovation. L'heure du rappel est arrivée et c'est avec sa mythique Gibson Firebird que Johnny nous entraine sur les bords du Mississippi dans un « Dust my broom » tout en slide suivi du « Highway 61 revisited » de Dylan.

Je repars avec la sensation d'avoir accompli quelque chose d'important ce soir, d'avoir comblé un vide. Je souhaite sincèrement que Johnny puisse ravir nos oreilles de son toucher de guitare incroyable pendant encore de très nombreuses années. Mais la vie étant ce qu'elle est, on ne sait jamais de quoi est fait le lendemain. Je ne peux que vous conseiller d'allez le voir tant qu'il peut encore se produire sur scène, ça vaut vraiment le coup. Peu importe ce qu'en disent les médisants, qu'il n'est que l'ombre de lui-même … ça n'engage qu'eux. Johnny Winter est une légende, et par-dessus tout, il est encore vivant. Malgré un jeu moins habile, il possède toujours cet immense feeling. Perso, je me suis sentie toute petite face à ce grand bonhomme du blues. Tant d'autres sont partis, que nous n'aurons plus la chance de voir. Sans hésiter, je vous le dis : allez-y !!!

Cathie Wetzstein – décembre 2012