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MARTEN INGLE & FRIENDS à DOURDAN (91) pdf print E-mail
Ecrit par Alain Hiot  
lundi, 26 novembre 2012
 

MARTEN INGLE & FRIENDS 
LE PITCHTIME – DOURDAN (91)
Le 10 novembre 2012

http://www.marteningle.com/ 
http://www.pitchtime-culturevent.com/ 

Retrouvez toutes les photos d’Alain Hiot sur http://www.flickr.com/photos/yoyo95280/sets/ 

Remerciements : Toute l’équipe du Pitchtime, Culturevent, Alain Sabattier, Narbé

Il y a quelques temps déjà que je côtoie assez régulièrement Marten Ingle lorsqu’il accompagne Nina Van Horn sur scène, mais j’attendais avec une très grande impatience l’occasion de le voir défendre son propre album, « Faraway Radioland », sorti en 2008. Et c’est une fois de plus le Pitchtime d’Alain Sabattier, lieu incontournable et assurance tous risques de soirées de qualité, qui a eu la très riche idée de programmer Marten et ses amis. 

Et quels amis ! Jugez plutôt : Masahiro « Mar » Todani, Slim Bateux, Elisabeth Baile et Danny Montgomery. Pour vous donner une petite idée de l’envergure de ces musiciens, voici une liste, bien loin d’être exhaustive car il faudrait plusieurs reports pour en faire le tour, de différents artistes avec lesquels ils ont collaboré, sur scène ou en studio : Nina Van Horn, Percy Sledge, Elliott Murphy, Ray Charles, Shanna Waterstown, Earl Green, Beverly Jo Scott, Big Jo Turner, Boney Fields, Shakin’ Street, Sofaï, Eddy Mitchell, Johnny Halliday, Véronique Sanson, Michel Jonasz, Patrick Verbeke, Jean-Louis Aubert, Louis Bertignac, etc., etc., etc. ! 

Autant dire que ça tourne, que c’est super pro et qu’au moindre petit coup d’œil tout le monde est sur la même longueur d’onde et se réfère instantanément à ce qu’indique Marten par de discrets petits gestes. Cette soirée gigantesque, n’ayons pas peur des mots, va débuter par un morceau intitulé « Fountain of love », et la toute première chose qui frappe les esprits c’est la voix de Marten. Son accent californien à la tonalité plutôt grave lorsqu’il parle, se transforme totalement pour nous dévoiler une tessiture proche de celle de Neil Young. Quel régal pour nos oreilles et quel bonheur de retrouver ce style de timbre qui a bercé toute mon adolescence.

On enchaîne avec une ballade, « Giving my love », titre sur lequel on va pouvoir apprécier les chœurs d’Elisabeth et de Slim, qui va nous gratifier également d’un petit solo d’orgue bien senti, avant de passer le relais à Mar et sa magnifique Flying V blanche, puis de revenir vers Elisabeth pour nous faire découvrir tout son talent à la flûte traversière. Un petit tour du côté de la pop avec « Love makes me wonder » avant d’aborder un titre qui sera présent sur le prochain album, « Shinny Holler », aux accents reggae assez prononcés, et nous arrivons à la première grosse claque de la soirée. 

Une reprise comment dire … magnifique ? incroyable ? exceptionnelle ?… les superlatifs manquent tant cet « Imagine » a de quoi faire se lever John Lennon, non pas pour se retourner dans sa tombe, mais bel et bien pour venir voir qui a bien pu sublimer ainsi sa mythique création. Avec ce titre et les arrangements clavier/flûte du duo, à la ville comme à la scène, Slim-Elisabeth, on touche au génie. Très folk dans son entame, montant crescendo jusqu’au final plus enlevé et plus électrique, cette version de neuf minutes a littéralement fait exploser le public présent.

Après un titre plutôt planant « I want to play with you », histoire sans doute de nous laisser le temps de nous remettre de nos émotions précédentes, Marten nous entraîne dans la jungle avec « Blackjuice Jungle », un titre qu’il fera durer quinze minutes et sur lequel il va nous envoyer un de ces solo de basse des familles, puis Danny un solo de batterie, avant de faire participer vocalement le public pour un final de folie collégiale, ponctué par les applaudissements nourris d’une assistance totalement conquise.

Un pause d’une quinzaine de minutes pour retrouver un peu nos esprits et l’on repart avec deux monuments de l’album, « Red Tonight » et le somptueux « I’m a Tree ». Un morceau totalement envoûtant dont l’écoute me procure chaque fois des frissons incontrôlables, tout comme « Human seed » mais qui malheureusement ne sera pas sur la set list ce soir. La nouvelle très longue séance d’applaudissement qui s’en est suivie témoigne de l’émotion générale qui a été générée sur cette interprétation. 

Vont suivre « Faraway radioland » qui donne son titre à l’album, avec son petit côté LouReedien, et « Brigth » dédié à Aung San Suu Kyi, dont le final nous a replongé directement dans les sixties avec un seul accord de base, un gimmick de quatre notes à la flûte un peu à la façon « Sweet Smoke », un nouveau solo de basse d’un Marten déchaîné, et quelques jeunes femmes du public dont les danses n’étaient pas sans nous rappeler l’ambiance psychédélique de Woodstock ou Wight.

Un rapide détour par Memphis pour une reprise de « Heartbreack Hotel » enchaîné de façon assez inattendue avec « l’Amour » sur laquelle Mar va faire crier la Gibson, et nous partons pour une version très bluesy, limite gospel, de « Protect my Child » de Dylan, magnifiquement interprétée par Elisabeth, et accompagnée de main de maître par le clavier de Slim qui nous a sorti pour l’occasion le fameux son Fender Rhodes qui va bien, et même très bien !

Encore un titre de l‘album, « Ain’t no pity in the city », mais avec une version très particulière puisque Mar va s’emparer du micro et improviser un texte en Japonais pour la plus grande joie de tout le monde. C’est ensuite Marten qui finira ce morceau, tout d’abord à genoux, puis debout sur les tables du Pitchtime sous l’ovation du public, largement méritée puisqu’une fois encore, c’est près de quinze minutes de pur plaisir que viennent de nous offrir ces musiciens d’une générosité absolue. Bien qu’annoncé comme le dernier titre, on se doute bien que la soirée est loin d’être terminée, et tout le monde scande en chœur « on n’est pas fatigués … on n’est pas fatigués … », jusqu’à ce que Marten and Friends reprennent les instruments pour un final de pure folie !

Vingt minutes d’une seule traite pour cette fin de set vont réjouir jusqu’à plus soif les inconditionnels de Marten Ingle que nous sommes. Un « Proud Mary » monstrueux ! Début soul-blues très lent, un peu roots, que tout le monde soutient bien en rythme en tapant des mains et sur lequel Mar va de nouveau faire donner la cavalerie à six cordes. Et puis Marten demande au public s’il préfère la version « Slow, and Sexy, and Groovy » ou bien la version « Hard and Fast ». Aucun hésitation, vote à main levée et unanimité pour la seconde hypothèse, et ça repart de plus belle, à fond la caisse, public debout en parfaite communion avec le groupe !

Avec une nouvelle présentation des musiciens, on pensait que cette fois-ci était la bonne … et bien non ! On ne finira pas là dessus mais sur un bon vieux « Johnny Be Goode », histoire de se dire que, décidément, le rock est bel et bien vivant !

Conclure en déclarant que Marten Ingle est un musicien génial n’est qu’un doux euphémisme et un pâle reflet de la réalité. Humainement cet homme là est un de ces êtres d’exception qui vous rendent fiers de les avoir comme ami, une âme magnifique et un cœur énorme. 

Musicalement on ne peut pas dire qu’il ait fait les plus mauvais choix avec pour son premier concert à 11 ans, le Grateful Dead, et à 14 le mythique Jimi Hendrix. On peut ajouter à cela quelques « beaux coups », par exemple, si je vous dis que le 26 mai 1994 au Bataclan, sur un concert de Louis Bertignac, Marten a accompagné Téléphone, AU COMPLET, et reformé le temps d’« Un autre monde », vous ne me croirez sans doute pas, et pourtant ce n’est que la stricte vérité, vérifiable à la page 14 du Rock&Folk de juillet 1994 ! Finalement Marten rend les gens heureux, c’est aussi pour ça qu’on l’aime et qu’un report tel que celui-ci ne peut être que dithyrambique.

Alain Hiot – novembre 2012