mercredi, 09 juillet 2025 ROCK IN EVREUX HIPPODROME – EVREUX (27) Le 27 juin 2025
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Vendredi 27, 18 heures. C’est l’ouverture de cette nouvelle édition du Rock In Evreux. Après une météo incertaine, après les gros orages de la veille, après les grosses chaleurs de la semaine, le ciel reste chargé mais la pluie se tient à l’écart. Et pour cette ouverture, on prend les mêmes que l’an dernier, on recommence. En mieux.

Ils avaient joué sans public, les portes étant restées fermées. Cet après-midi, ils sont déjà quelques-uns devant la scène pour scander leurs chansons. Captain Spark & Royal Company sont en pleine forme. Chansons urbaines sur une bande son un peu hip hop, musique latino, électro, jazzy, au son des multitudes d’instruments, trompettes, claviers. Ils délivrent un message d’espoir sur l’amour, l’enfance, la vie. Les Rouennais vont réjouir le public d’Evreux et de toute la Normandie. Ils ont un album, « La Belle Image », qui succède à deux EP.

TAD prend place devant les claviers. TAD, c’est le DJ qui animera pour le public aux changements de plateaux. Et, il sait s’y prendre. Les platines tournent, le public chante, danse et en redemande. Il reviendra plusieurs fois pendant ces deux journées de festival. A la nuit tombée, il sortira la lance pyrotechnique. Un talent certain pour faire vibrer le public avec sa musique électronique. Un véritable artiste. Après environ trente minutes de rythme infernal, il s’éclipse pour laisser la place …

Les tubes de années 2000 sont en tournée avec Train. Les rockeurs de San Francisco prennent possession de la scène. Le public s’est massé devant la scène principale. On y voit autant de quinquas nostalgiques que de jeunes fans, tous impatients de chanter les incontournables du groupe. Train a enchaîné un savoureux mélange de classiques et de morceaux plus récents, « Drops of Jupiter », « Meet Virginia », « Hey, Soul Sister », un tube fédérateur qui a déclenché les chants en chœur, reprises sur scène et une vague de sourires à travers l’hippodrome.

Le chanteur Pat Monahan a alterné entre moments posés et passages endiablés, communiquant avec le public entre les morceaux, parfois en jouant de la guitare acoustique pour instaurer une ambiance intimiste. Train a pimenté son set avec deux ou trois titres plus rock, aux riffs énergiques, apportant une bonne dose de peps au milieu des ballades. Et il a appâté le public avec ses lancers de médiators, de baguettes du batteur, de T-shirts … Il ira même à en parapher un, lui et tous les membres du groupe, pour celui ou celle qui saura l’attraper. Le public était extrêmement réceptif. Ils ont su marier moments d’émotion, et instants festifs, créant un véritable échange avec le public.

TAD revient … puis repart pour laisser la place à Louis Bertignac. Il est 20h30 maintenant. Soudain, le public hurle alors que la scène est encore inoccupée. Ils viennent de deviner une silhouette mince, élancée au loin. Tout de noir vêtu, chapeauté, cheveux blancs longs, bouclés, entouré de plusieurs personnes. C’est Louis Bertignac en approche. Le célèbre rockeur ex-Téléphone fait son entrée, les cris s’amplifient encore. L’ambiance est à son comble. Guitariste hors pair et véritable showman, il affiche un sourire contagieux.

La première chanson démarre, un classique de Téléphone, et la foule se met à chanter en chœur. On sent que le public connaît chaque parole, chaque note. C’est un véritable moment de communion entre l’artiste et ses admirateurs. Au fil des morceaux, il nous offre une belle palette de ses créations, tant ses succès solos que ceux de son groupe emblématique. Louis Bertignac n’hésite pas à partager la scène avec ses partenaires, mettant en avant leur talent également. Ce sera l’occasion de revoir et de réécouter Jimmy Montout, le batteur que les fans de blues connaissent bien puisqu’il a accompagné Manu Lanvin pendant plusieurs années. Le public est conquis.

Au-delà des performances musicales, Louis Bertignac est un raconteur d’histoires. Entre les morceaux, il partage des anecdotes personnelles. « Ca, c’est vraiment toi », « New York avec toi », sont accueillis par des cris d’enthousiasme, et l’hippodrome se transforme en véritable chorale. Les gens dansent, chantent et bougent au rythme de la musique. C’est un moment d’une rare intensité où l’on réalise pleinement l’impact que Louis Bertignac a sur son public. Et sur la fin, un nouveau morceau, un hommage à celle qui le suit depuis 50 ans, sa guitare. Les visages sont illuminés de sourires, les conversations battent leur plein. Les fans échangent leurs impressions, heureux d’avoir pu vivre une telle expérience.

Nouvelle apparition de TAD avant l’arrivée des Anglais de Birmingham qui ont créé UB40 en 1978. Depuis cette date, le groupe a évolué et des huit chômeurs d’origine, il ne reste plus grand monde. C’est actuellement Matt Doyle le chanteur du groupe recomposé. Le reggae pop est leur moyen d’expression musicale. Les textes sont toujours là pour rappeler, dénoncer inlassablement le racisme, le chômage, le néolibéralisme anti-social, toute politique étrangère de domination. Le succès est toujours présent, les tournées internationales s’enchainent.

L’énergie dégagée était palpable, jeunes et plus âgés vibraient ensemble, téléphones levés pour immortaliser l’instant. L’atmosphère était joyeuse, détendue, parfaitement en phase avec ce qu’on attend d’un concert de reggae, un moment collectif, rassembleur et chaleureux. UB40 a livré un set efficace, fédérateur et musicalement impeccable. Entre nostalgie et énergie actuelle, les Britanniques ont confirmé leur statut d’icône du reggae pop, offrant un moment de communion rare.

UB40 a transformé l’hippodrome d’Évreux en vibrante scène de reggae : un voyage musical entre les classiques qui ont marqué des générations et des morceaux plus récents, porté par une mise en scène chaleureuse et un public enchanté.

Encore TAD pour trente minutes puis c’est le tour de Yodelice … L’accès aux crash barrières est interdit. Le décor est planté et occupe toute la surface de la grande scène de l’hippodrome. Il est dans sa tournée « Psycho Fuzz ». Seul avec ses guitares, boites à rythmes, synthétiseurs, les parois de son décor absorbent les ondes sonores, les échos. C’est une formule électronique, très rock. La lumière stroboscopique ajoute une ambiance brutale, épileptogène à cette musique synthétique. C’est étonnant, audacieux …
Evelyne Balliner – juillet 2025 |