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BB BLUES FEST à MOITA (PORTUGAL) pdf print E-mail
Ecrit par Fred Delforge  
dimanche, 01 juin 2025
 

BB BLUES FEST
FÓRUM CULTURAL JOSÉ MANUEL FIGUEIREDO - MOITA (PORTUGAL)
Du 30 mai au 1er juin 2025

https://bbbluesportugal.com 

C’est avec toujours autant de plaisir que nous nous dirigeons vers le Portugal pour des retrouvailles avec nos amis Dúlio Canário et Rui Guerreiro de l’Association BB Blues Portugal, récompensés en juin 2023 par l’European Blues Union qui leur a remis un Blues Behind The Scenes Award, mais aussi avec des bénévoles particulièrement sympathiques et enfin avec des artistes que nous connaissons bien et que nous apprécions puisque cette année, du moins durant les deux soirées auxquelles nous pourrons assister, se produiront Cat Squirrel et Eric Bibb. Une programmation de qualité dans une ville ouvrière en périphérie de Lisbonne que nous atteignons après avoir traversé l’estuaire du Tage par le gigantesque pont Vasco de Gama avant de poser nos valise et d’aller nous restaurer avec les artistes en attendant le début du show. L’occasion de discuter un moment avec Mingo Balaguer et avec Mike Vernon, des musiciens aussi attachants que brillants !



Vendredi 30 mai :

On retrouve avec plaisir le très cosy et convivial Fórum Cultural José Manuel Figueiredo dans la Commune de Moita, à Baixa de Banheira, et c’est une salle à la fois chaude et attentive qui accueille Cat Squirrel, une formation dont le nom vient du titre d’une chanson de Doctor Ross, un artiste originaire du Mississippi qui se produisait la plupart du temps en one man band. Composé du légendaire producteur Mike Vernon au chant, de l’excellent Kid Carlos aux guitares, de Mingo Balaguer aux harmonicas, de Christian Morana à la basse et Adrian Carrera à la batterie, Cat Squirrel est une formation anglo-espagnole qui a vu le jour en 2023 et qui travaille actuellement à la préparation de son second album, un groupe qui ne se prend pas au sérieux mais pour lequel le blues est une affaire plus que sérieuse puisque entre compositions personnelles, dont une inédite, et reprises piochées de le répertoire souvent plus ou moins oublié des grands noms du blues, de Muddy Waters jusqu’à John Primer en passant par ce que le Delta du Mississippi mais aussi par ce que Chicago a pu donner de meilleur, la soirée va filer bon train avec plus de 90 minutes d’un show à la fois précis et particulièrement énergique.

Mike Vernon à l’humilité de ces gens qui sont devenus chanteur au fil de l’eau, et s’il n’a pas la voix la plus élaborée du monde, il n’en reste pas moins un chanteur plus que correct et se présente plus à nous comme un véritable entertainer dont les connaissances, l’énergie et l’envie de partager les bonnes choses dont le blues regorge transparaissent dans chacune de ses interventions, qu’elles soient chantées ou simplement parlées entre les morceaux. A ses côtés, c’est un groupe qui allie technique, musicalité et feeling qui se produit et si par moment le frontman s’efface un peu au profit de ses complices, c’est pour mieux laisser à Mingo Balaguer et à Kid Carlos le soin d’enflammer les salles dans lesquelles le groupe se produit. Si nous les avions déjà énormément appréciés lors de la précédente édition de Blues in Hell, en Norvège, c’est ce soir une nouvelle occasion qui nous est proposée de toucher la légende du bout du doigt et surtout de prendre une bonne grosse dose d’un blues riche et coloré. La standing ovation et le rappel plein de malice qui a mis un terme au show de Cat Squirrel ne trompent pas, le groupe s’est fait plaisir ce soir et à su transmettre ce plaisir au public.

Le temps de saluer tous les amis dans le hall pendant que le merchandising bat son plein et ne désemplit pas et il sera déjà temps de regagner Barreiro, la ville voisine d’où l’on peut rejoindre Lisbonne par bateau-bus en une trentaine de minutes et où nous logeons durant le festival …

Samedi 31 mai :

Après une longue journée partagée avec nos amis portugais mais aussi espagnols à refaire le monde autour de quelques spécialités locales et parfois houblonnées, on se retrouve pour le diner avec Eric Bibb et son épouse Ulrika et on se remémore les bons souvenirs passés, notamment à Blues-sur-Seine mais aussi au Blues Alive à Šumperk, en République Tchèque, où nous avions passé un long moment ensemble en novembre dernier. Personnage attachant et cultivé, Eric Bibb nous parle de sa famille et notamment de son petit-fils, membre des Blue Benders avec qui nous étions il y a une semaine à Eutin. On évoque également Emmett Till, le jeune garçon cruellement assassiné en 1955 dans le Mississippi à qui le bluesman a consacré deux titres, et il nous annonce même en avant-première qu’un des titres de son prochain opus parlera de Carolyn Bryant, celle qui avait accusé le jeune garçon et qui avait par la même occasion signé son arrêt de mort … La conversation va bon train et nos hôtes ont un œil rivé sur la télévision qui diffuse la finale de la Coupe d’Europe de football, mais il faut y aller, nous avons un concert ce soir !      

Eric Bibb sur scène, c’est un tableau sobre avec deux guitares, un ampli et un micro … Une bouteille d’eau à portée de la main, un capodastre dans la poche gauche et un mouchoir pour essuyer de temps en temps une goutte de sueur qui coule de son front. Grand disciple de Leadbelly, le natif de New York, toujours très élégant, commence son set en rendant hommage à ce fameux musicien découvert dans une prison de Louisiane par Alan Lomax, puis s’engage dans une alternance de reprises et de morceaux plus personnels dans lesquels il évoque son bonheur de vivre aux côtés de son épouse, sa jeunesse faite de voyages et plus particulièrement celui qui le conduira en Europe où il finira par élire domicile et où il réside toujours, à une heure de route au Sud de Stockholm. Si Eric Bibb communique avec le public, ce n’est pas pour paraitre sympathique, c’est simplement parce qu’il aime les gens et qu’il veut échanger avec eux, c’est d’ailleurs pour cela qui salue spontanément une dame âgée de cent ans présente dans la salle que nous avions évoquée durant le diner. Le show file, sans aucun à-coup, et Eric Bibb se réaccorde régulièrement car il n’est pas question de faillir à sa réputation d’artiste perfectionniste.

On avance vers les deux heures de spectacle et avant de quitter l’assistance, Eric Bibb invite Ulrika à se joindre à lui pour deux titres durant lesquels nous pourrons apprécier la voix de sa compagne, délicate, mais aussi solide et déterminée. La salle est debout et après un ultime rappel, nous retrouverons le couple au merchandising où ça se bouscule pour emporter un souvenir de la soirée. Le BB Blues Fest se termine ce soir pour nous puisque nous manquerons le traditionnel pique-nique musical et c’est avec une pointe d’émotion que nous prenons congé de nos amis, non sans se promettre de se revoir très vite, que ce soit ici ou ailleurs. Encore un grand merci à eux pour ces superbes moments d’échange et de partage !

Fred Delforge – juin 2025